27.8 C
Mamoudzou
jeudi 16 janvier 2025

S. Lecornu écrit au président Ben Issa : « Il reviendra au prochain gouvernement de décider »

Ce n'est pas vraiment une main tendue du ministre des outre-mer vers le président du Département, mais par ces temps de gestes barrière, c'est un signe de dialogue sans masque. Dans un long courrier, le ministre revient sur les actes qui ont ponctué l’élaboration du projet de loi Mayotte, et s’explique « sans faux semblant », sur une séquence qu’il juge « politicienne ».

Après l’avis défavorable de l’exécutif au projet de loi Mayotte, Sébastien Lecornu et Ben Issa Ousseni n’ont échangé que par personne interposée. Le premier à l’Assemblée nationale, interpellé par le député Kamardine, expliquait qu’un « avis réservé » aurait permis de laisser une chance de survie au texte, avec un passage par le conseil des ministres, puis sa discussion à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Et que « l’avis défavorable » bloque le texte. Le président du département lui renvoyait la balle par communiqué, rendant le ministre responsable du blocage du projet, en évoquant un manque de confiance à son endroit, et un manque de temps de réflexion. Et invitant au dialogue.

C’est par un courrier de 4 pages que le ministre des outre-mer revient vers Ben Issa Ousseni. Retraçant l’historique du projet de loi élaboré à partir des ateliers qui ont mobilisé à Mayotte 1.600 intervenants, avec à Paris « tous les ministères en ordre de marche pour expertiser ces propositions », Sébastien Lecornu regrette le rejet par le conseil départemental, « j’avais le souhait que ce texte soit le premier inscrit à l’agenda du futur parlement dès l’été 2022. La discussion parlementaire aurait été l’occasion de l’enrichir ». Plusieurs informations livrées a posteriori qu’il aurait été intéressant de connaître avant.

Le préfet Colombet s’était personnellement impliqué dans les nombreux ateliers

Retour à la case 2036

La réouverture des négociations sur ce texte est compromise : « Il reviendra au prochain gouvernement de décider s’il souhaite reprendre le travail ». Notamment au regard des conditions émises par le conseil départemental pour argumenter sur l’avis défavorable, « certaines sont inadaptées dans le cadre d’une loi simple ». La loi programme réclamée existe, à travers le Contrat de convergence créé par la loi Egalité réelle outre-mer (EOM), explique le ministre, les trois signataires du courrier au MOM, dont Ibrahim Aboubacar, que nous avons publié ne disaient pas autre chose.

Sur la convergence sociale, le ministre reste sur la même ligne, elle ne peut se faire « d’un claquement de doigt », mais par consensus entre partenaires sociaux. Mais le ministre brandit l’avis défavorable comme repoussoir d’échéances, « la convergence sociale restera fixée dans la loi à 2036 alors que nous souhaitions ramener ce but ultime à 2031 », et ceci, « faute de vecteur législatif ». Autres avancées gelées, « l’accélération de la construction de la piste longue », en raison de la méthode d’acquisition foncière prévue au projet de loi, « la mise en place d’un Grand port d’Etat » (qui était soumis néanmoins au rejet de la concession en cours), le renforcement des capacités au préfet pour lutter contre l’habitat illégal, le renforcement des compétences régionales du CD, etc.

Ce qui sera fait…

CHM, Covid, dengue, Mayotte
L’extension du CHM est également au programme

A cette liste, le ministre rajoute la mise en place de l’établissement public d’ingénierie, en évoquant une sous-consommation du Contrat de convergence en cours, avec des chiffres néanmoins à réactualiser, « 93,3 millions d’euros sont engagés fin 2020 sur 608,6 millions d’euros de crédits du côté de l’Etat. »

Les 85 propositions, pour celles qui n’ont pas encore été réalisées, seront déclinées pour la partie règlementaire, c’est le cas du 2ème hôpital, « 172 millions d’euros sont dores et déjà mobilisés », premiers coups de poche en 2025, en plus de l’agrandissement du CHM, 66 millions d’euros, c’est le cas de la prime d’activité à 100%, etc.

Le suivi de la mise en place des mesures réglementaires sera assuré par un comité de suivi assuré par le préfet et la direction générale des outre-mer (DGOM), et le ministre invite les élus départementaux, communaux et les parlementaires, à l’intégrer.

A travers ce courrier, Sébastien Lecornu clarifie sa position

La décision du ministre est désormais connue, il ne reviendra pas sur le projet de loi Mayotte. Deux réponses possibles pour le président du Département. Rester dans la contestation, et Mayotte retrouverait sa situation d’opposition au gouvernement en place que nous avons connue il y a quelques années, sans rien à en attendre donc. Ou saisir l’opportunité pour repartir sur des bases de coopération, et on a vu que ça pouvait être payant. Il ne reste il est vrai que quelques mois à vivre avec le gouvernement Castex… mais avec une incertitude sur les résultats des prochaines élections. Rupture ou continuité ?

Anne Perzo-Lafond

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Des bandes venues en force pour agresser et saccager à Passamainty

S’il y a eu une arrestation d’une dizaine de jeunes, ils sont plus d’une cinquantaine à avoir terrorisé la population et blessé des policiers ces trois derniers jours. Des agressions qui continuent ce jeudi.

La Ville de Mamoudzou ouvre une enquête en ligne pour évaluer les dégâts du cyclone

Une enquête en ligne a été ouvert par la Mairie de Mamoudzou pour recenser les dommages causés par le passage du cyclone Chido le 14 décembre dernier. 

Le Sénat vote un budget des Outre-mer en hausse « pour Mayotte et la Nouvelle Calédonie »

Ce n’est qu’une petite partie de l’enveloppe globale dédiée aux Outre-mer qui a été revalorisée, la Mission Outre-mer se monte désormais à 3 milliards d’euros.

Rentrée : Bibliothèques Sans Frontières achemine près de 2 tonnes de fournitures scolaires à Mayotte

Des cahiers, des cartables, des dictionnaires... la mobilisation de BSF, de Cultura, de Stabilo International et d'Hachette permettra de doter environ 1.000 élèves. Une action menée avec le rectorat.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com