Au rectorat, des années de mobilisations syndicales portent leurs fruits

Répondant présents à l'appel national à la grève ce jeudi, quelques dizaines de manifestants étaient réunis en intersyndicale devant le rectorat, où les représentants ont été reçus par Gilles Halbout. Nombre de demandes, souvent anciennes, ont été entendues et sont à l'étude, et le recteur se dit "déterminé" à poursuivre ces "avancées".

L’appel à la grève étant national, la plupart des revendications l’étaient aussi, ce jeudi matin devant le rectorat. SNES-FSU, CFDT ou encore SNALC étaient réunis en intersyndicale pour évoquer en premier lieu « les salaires ». Philippe Destenay, secrétaire adjoint du SNES FSU Mayotte, insiste toutefois sur les demandes locales. Notamment,  » certains points comme l’indexation à 53%, le déplafonnement de l’indemnité de remboursement partiel de loyer, la mise en place d’avantages spécifiques d’ancienneté pour les titulaires et pour les collègues du 1e degré, l’ancienneté de service avec la prise en compte de l’AGS, qui est une problématique qui date depuis que Mayotte est devenue département : l’ancienneté qui n’est toujours pas résolue fait que des collègues auront une petite retraite » rappelle-t-il.

Alex Padoly, secrétaire général du Snalc à Mayotte, insiste aussi sur le sort des contractuels, et réclame des mesures d’aides pour le paiement des loyers, toujours plus élevés sur l’île. « Ce qui se passe au niveau mondial, c’est une inflation, sur les prix de l’énergie, à la consommation, des transports. On aimerait que ça soit pris en compte pour l’ensemble des fonctionnaires et que ça ne soit pas réduit à une prime inflation » plaide le syndicaliste. « Il y a aussi des choses spécifiques à Mayotte, on a un système de retraites qui n’est pas du tout avantageux pour les contractuels qui ne cotisent pas à l’Ircantec (la complémentaire des fonctionnaires NDLR), ensuite il faut que les titulaires du territoire restent pour maintenir une qualité d’enseignement, et que cette qualité, on la fasse progresser. Enfin il faut faire venir des titulaires des autres académies, et favoriser l’intégration des contractuels ».

En milieu de matinée, les représentants étaient reçus par le recteur Gilles Halbout, qui s’est dit « déterminé » à avancer sur tous ces sujets, dont certains sont déjà sur la table.

« Ce que je leur ait dit, c’est qu’il y a une feuille de route RH locale sur laquelle il y a beaucoup d’avancées, » assure le recteur. Et de détailler en vrac : « Il y a des avancées sur l’ISG pour les nouveaux titulaires, les carrières des contractuels, la mobilité. Il y a des discussions qui ont aussi abouti à des engagements récents, essentiellement sur des mesures d’action sociale, des aides pour se loger, les tickets restaurant, c’était des mesures attendues. Ce sont des avancées ».

Un embouteillage de mesures ?

« Il ne faut pas non plus oublier toutes les mesures nationales » poursuit le recteur, « il y a 1,1 milliard d’euros mis dans le cadre du Grenelle de l’éducation, qui concerne tout le monde dont les collègues de Mayotte, avec des CDI pour les AESH, des formations prises en charges, des mesures pour les collègues en début de carrière mais aussi des revalorisation pour les personnels administratifs et techniques ».

Une cinquantaine de manifestants réunis en intersyndicale devant le rectorat

Le tout, sans nier le chemin qu’il reste à parcourir. « Il y a des choses qui restent à faire, on a acté localement l’organisation d’un état des lieux des différentes pratiques dans les administrations puisque les syndicats demandent une harmonisation par le haut. On a pris rendez-vous dans un mois et demi pour voir quelles mesures pourraient être annoncées ». Stabilisation des personnels, salaires pour l’attractivité ou encore des mesures comme l’Ircantec pour les contractuels et les remboursements de loyers pourraient alors être évoquées. Mais tout ne dépend pas du recteur. « Le ministère dit que la porte est ouverte mais il demande un état des lieux » explique Gilles Halbout. « On s’est donné 6 semaines, à l’issue, un certain nombre de mesures seront actées, ce sera une nouvelle étape dans la déclinaison de notre feuille de route. Nous sommes déterminés mais plus on avance plus on est sur des sujets qui dépendent de l’interministériel et nécessitent des arbitrages plus fins. (…) les syndicats estiment que ça va à la vitesse d’une voiture dans les embouteillages mais ça avance, et nous iront jusqu’au bout » promet-il.

Y.D.

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