De mineur isolé à détenu de longue durée

Immigré enfant puis abandonné, le jeune homme a sombré dans la délinquance à l'adolescence. Son arrestation pour des faits criminels a permis de l'identifier pour ce qui semble être un de ses premiers larcins, un cambriolage où il a laissé diverses preuves dont du sang et des empreintes.

De l’alcool et des cigarettes. C’est le maigre butin du jeune homme qui, ironie de l’histoire, comparaissait mercredi avec un tee-shirt estampillé « le tabac t’abat, dis non au tabac », produit par le service pénitentiaire d’insertion et de probation. « c’était la première fois, si j’avais réfléchi bien avant, je ne pense pas que je me serais retrouvé ici » déplore volontiers le jeune adulte. En regardant vers son passé, on reconnaît l’histoire sombre de nombreux jeunes de Mayotte. Arrivé en kwassa à 13 ans, il est hébergé par un proche qui finit par le mettre dehors quand il en a 15. Jeune ado, il erre alors de banga en banga, « quand je trouvais quelqu’un qui voulait m’accueillir » et sombre peu à peu dans l’alcool, le bangué et la délinquance. Une « spirale de vols graves » commence alors. Parmi ses premiers larcins, le cambriolage d’un commerce à Chiconi, où dormait le gérant. Avec un pied et biche et une pince coupe-boulons, il dérobe alcool et clopes. « J’avais besoin de m’alcooliser » dit-il. Le jeune homme avait alors tout juste 18 ans, et déjà de bien mauvaises fréquentations. Arrêté quelques mois plus tard dans le cadre d’enquêtes criminelles, son ADN matche avec le sang retrouvé sur le lieu du cambriolage.

Conciliateur de justice, Mayotte
Le tribunal judiciaire

Sept autres affaires pénales en cours

Placé en détention provisoire, le jeune homme passe alors d’une spirale délinquante au cycle des procédures. Quatre condamnations s’enchaînent : 18 mois de prison, 2 ans, puis 4 ans enfin 6 ans devant la cour d’assises des mineurs, « à chaque fois pour des vols aggravés » note la présidente du tribunal correctionnel. Pour l’affaire criminelle, des faits de violence avec arme et de séquestration s’étaient ajoutés au mode opératoire. Avec tout ça, le jeune majeur n’est pas libérable avant 2030. Ce cinquième procès, qui concernait des faits commis alors qu’il avait un casier vierge, ne lui vaut finalement « que » six mois de prison avec sursis. Une peine qui semble symbolique, quand on sait que d’autres procédures l’attendent : outre ses condamnations passées, il est également poursuivi dans pas moins de 7 affaires pénales qui n’ont pas encore été jugées.

Contrairement aux réquisitions du parquet, le tribunal n’a pas prononcé d’interdiction du territoire, pour le jeune homme marié en 2018 et père d’un enfant.

« J’aimerais pouvoir rester car j’ai ma famille ici, si je sors de détention je ferai le nécessaire pour régulariser ma situation et chercher un travail pour vivre convenablement » promet-il.

Y.D.

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