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mercredi 24 avril 2024
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Pour ses 18 ans, la FCPE Mayotte rêve d’une école « sans violence » après deux années « très difficiles »

Subies au quotidien par les élèves, les violences dénoncées par la FCPE sont tant physiques qu'institutionnelles. Les deux années marquées par la crise sanitaire ont été "un calvaire" pour les parents confrontés à la fracture numérique. Et la reprise des cours, marquée par des violences entre bandes, et des réformes contestées, n'a pas été de tout repos non plus. La FCPE salue néanmoins des relations améliorées avec le rectorat et la préfecture, signe d'une prise de conscience des autorités.

« Pour une école sans violence ». Le bilan de mandature 2019-2021 de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) porte un titre accrocheur mais aussi d’actualité, alors que des bagarres se poursuivaient en ce début de semaine à Kahani et qu’un enseignant a été agressé à Tsararano. Mais les violences physiques ne sont pas le seul cheval de bataille de la FCPE, qui dresse le bilan de deux années jugées « très difficiles » en raison notamment de la crise sanitaire, aggravée sur le plan scolaire par la fracture numérique qui a empêché la continuité pédagogique pour nombre d’élèves.

Rappelant qu’il y avait en 2020 plus de 100 000 jeunes scolarisés à Mayotte, soit près du tiers de la population, la FCPE estime qu’avec la crise sanitaire, « la continuité pédagogique tant vanté par le ministre de l’éducation nationale s’est transformée en calvaire pour les parents. N’oublions pas qu’à Mayotte la fracture numérique est énorme ». D’autant qu’au delà de l’accès à Internet, la fracture linguistique a laissé sur le côté du chemin nombre d’élèves allophones. « Avec une population constituée très fortement d’une immigration non contrôlée, il faut faire évoluer les règles ici afin de permettre aux enfants allophones d’avoir des cours adaptés à leurs difficultés » plaide la FCPE pour qui « il est crucial d’accroître les moyens financiers des CASNAV (le centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés et des élèves issus des familles itinérantes et de voyageurs dont les effectifs d’élèves ont triplé en 2017) afin de permettre une intégration rapide des élèves allophones dans le système scolaire classique ».

La crise sanitaire qui a aussi par ricochet plombé les moyens de la FCPE. En effet, la réforme du baccalauréat a conduit à un renouvellement des manuels scolaires, mais peu de parents se sont présentés pour les acquérir. S’en est suivi un effondrement des adhésions à la fédération de parents d’élèves qui a causé son endettement. De 1800 en 2019, les adhérents sont passés à 356 en 2021 déplore la FCPE dans son bilan biannuel.

« La baisse d’adhésion est due à la pandémie et par le fait que nous avons vu très peu de parents venir récupérer les manuels scolaires. Il faut dire que nos adhérents sont surtout en grande majorité les parents dont les enfants sont scolarisés au lycée où les associations bénéficient des subventions du dispositif « bourse aux livres ». Et donc ce nombre varie selon les locations des manuels. »

Cars scolaires, cantines, des problèmes anciens qui avancent

Globalement donc, « ces deux années étaient très difficiles » souligne la FCPE. La fédération ne baisse toutefois pas les bras et après cette chute, remonte sur ses chevaux de bataille, dont la plupart ne datent pas de la crise sanitaire. En premier lieu, « le fait que notre territoire ne puisse pas disposer de cantine dans les écoles. Mayotte est aussi le seul département français où les élèves n’ont pas un repas chaud à la cantine. Seuls les demi-pensionnaires de 3 communes sur 17 en bénéficient. Tous les autres n’ont qu’une simple collation qu’ils consomment à même le sol. La FCPE Mayotte pense que le système actuel n’a plus lieu d’être, car il dévalorise le principe même de la restauration scolaire qui est censé être l’alimentation d’un enfant d’âge scolaire. Elle est essentielle pour sa croissance, son développement psychomoteur et ses capacités d’apprentissage (…) Ce que nous voulons, c’est le respect des règles en matière de restauration scolaire ».

Autre sujet récurrent, celui des transports scolaires, entre horaires intenables et insécurité.

Manifestation contre les violences scolaires en mars 2018

« L’organisation du transport scolaire est une mission du Département déléguée à un groupement de transports. Ce regroupement assure le ramassage des enfants en droit d’être transportés à partir de leur village » rappelle la FCPE. Or, « il se trouve que ce service traverse des difficultés notamment liées aux horaires de ramassage pour des enfants qui sont scolarisés pourtant à 15 ou 20 minutes de leur établissement. Ce service laisse beaucoup d’élèves tôt le matin devant les établissements scolaires et les récupère souvent à 16h après leur cours. Cela fait des journées très longues pour des jeunes de 11 ans à 18 ans. Certains se réveillent à 4h du matin pour un départ à 4h30 et un retour à 18h voir 19h. (…) Ce réveil à 3h30 du matin pour un retour à domicile à 18h ou à 19h va conduire les jeunes mahorais à l’échec scolaire dû à la mauvaise gestion du sommeil, à un temps trop long passé dans les transports. »

D’autant « que depuis trois ans les transporteurs sont victimes de plusieurs actes de violence très dure de la part des adolescents mahorais. Les chauffeurs sont agressés verbalement ou physiquement. Les bus sont vandalisés, caillassés… Les trajets sont devenus l’enfer sur terre pour les élèves et les transporteurs. En 2021, Mayotte est le 1er département français où un chauffeur de bus scolaire porte un casque. La FCPE souhaite une meilleure prise en compte de ce service afin de mieux sécuriser nos enfants et les transporteurs tout au long de leur trajet à l’aller comme au retour. « 

Si ce bilan dresse un constat douloureux et non exhaustif, tout n’est pas gris pour autant. L’organisation des transports scolaires par le nouvel arrivant Transdev doit conduire à une réflexion pour optimiser les horaires de ramassage, nous avait expliqué son directeur.

Par ailleurs, sécurité, alimentation et pédagogie sont abordés par la FCPE et l’Etat, au gré de relations qui se sont nettement améliorées salue la FCPE.

De meilleurs relations avec l’Etat

De l’aveu général, l’arrivée de Gilles Halbout a marqué un tournant pour l’éducation à Mayotte

« Nous avons beaucoup amélioré la relation avec le rectorat et nos partenaires institutionnels. Les choses ont beaucoup changé avec Mr. Gilles Halbout, le recteur actuel. On ne compte plus les nombres de fois où il nous a reçus soit seul ou avec d’autres associations de famille ou avec les collectifs. Ces rencontres ont permis de renforcer la coopération famille-école », s’enthousiasme la fédération de parents d’élèves. Avec la préfecture, le constat est lui aussi optimiste. Après les avancées obtenues avec Dominique Sorain en 2018-2019, la FCPE note une continuité. « Les PEC ont été maintenus et au niveau de la restauration scolaire, une chargée de mission est nommée auprès du SGAR pour évaluer et mettre en place avec les collectivités une politique publique pour rénover ou étendre des espaces réservés pour l’accueil des élèves en conséquence ».

Difficile d’imaginer que ces seules améliorations permettront d’offrir à court terme une école « sans violences » au vu de l’actualité récente, mais l’espoir est permis, et des solutions sont sur la table. La FCPE rappelle notamment son attachement à la parentalité et à l’éducation bienveillante. Parmi ses propositions, « une meilleure information envers les parents pour un meilleur choix selon le besoin de l’enfant dans son projet professionnel » mais aussi « une prise en charge rapide pour éviter leur errance qui risque de perturber la quiétude des abords de nos établissements » mais sans oublier donc le rôle du parent. En tant que parents, on participe au développement physique, intellectuel et émotionnel de notre nourrisson. L’enfant apprend beaucoup par imitation, et le parent est sa première source d’inspiration », rappelle la FCPE qui plaide pour une « éducation positive ».

« Il n’y a pas de « bon » parent ni de parent « parfait ». Notre enfant a surtout besoin d’amour, d’attention et de bienveillance ». Une évidence qui a manqué à nombre de jeunes ayant grandi sur le territoire : « un cadre composé de règles de vie assure la santé et la sécurité physique de notre enfant. A la maison, il s’agit de définir les espaces et les objets qui lui sont accessibles. En société, il est essentiel de lui montrer l’exemple en respectant les autres et les règles collectives ».

Un rappel sous forme de main tendue plus que de pierre à jeter, puisque la FCPE plaide aussi la co-éducation, et donc, la co-responsabilité des acteurs de la jeunesse autour des parents. « Dans les crèches et dans les établissements scolaires, le principe de co-éducation
fonde l’accueil et l’accompagnement qui vous sont réservés, à vous et votre enfant.
Nos équipes sont à votre écoute. A leur manière, elles participent à vos côtés, à l’éducation de votre enfant, tout en veillant à sa protection » insiste la FCPE.

Quand l’Etat rappelle fréquemment que la sécurité « est l’affaire de tous », redire qu’il en va de même de l’éducation ne fait pas de mal, et permet d’appréhender l’actualité récente en reprenant les causes à la racine. De quoi donner à la FCPE et à tous les acteurs entourant la jeunesse du grain à moudre pour la nouvelle mandature qui commence.

Y.D.

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