C’est une déclinaison locale de la politique nationale qu’a présenté le rectorat ce mardi. Pour en convaincre les médias présents, Gilles Halbout n’hésite d’ailleurs pas à faire remarquer que déroulé et charte graphique du dossier de presse distribué sont similaires à ceux du ministère. Copie conforme ? Pas vraiment car si les thèmes et objectifs de Paris sont intégrés au projet local, un sérieux rattrapage reste à opérer. Quatre points de vigilance sont ainsi relevés par les services de l’académie de plein exercice : la multiplication des formations, d’abord, la sécurité, bien sûr, la structuration du rectorat et les besoins particuliers concernant le personnel, on s’en doute, et l’impérieux besoin de développement des activités périscolaires.
« Il s’agit d’organiser la continuité et la cohérence entre l’école et ce qu’il se passe en dehors, c’est plus facile en métropole où on a plus d’un siècle de construction d’un maillage d’associations, de clubs, de centres culturels que nous n’avons pas à Mayotte », rappelle le recteur. L’enjeu est immense. « Ce serait tellement facile de dire que ce sont les élèves déscolarisés que l’on retrouve dans les caillassages », lance encore Gilles Halbout. Deux nouveautés devraient permettre cette année de semer les graines de la continuité éducative : l’intégration de la Drajes aux services académiques et la mise en place du Pass culture – « on va avoir 1,6 million d’euros à injecter chaque année, on peut développer plein de choses ». Encore faut-il que les communes suivent…
10 000 élèves supplémentaires en trois ans
Ce qui n’est pas toujours le cas, ou tout du moins pas toujours au rythme souhaité regrettent en filigrane les deux responsables académiques au sujet des constructions scolaires. Dominique Gratianette en appelle ainsi à « une prise de conscience de tout
l’écosystème qui travaille à la construction ». « Il y a un intérêt vital à ce que dès la rentrée prochaine des modulaires voient le jour dans les communes », insiste encore le secrétaire général, appelant les maire à faire usage de dispositifs techniques innovants et appel à des appuis en ingénierie. « Il y aura entre 3000 et 4000 élèves supplémentaires et ce sera comme ça les trois années suivantes, soit au moins 10 000 élèves en trois ans, c’est énorme ! », rappelle encore Dominique Gratianette. En attendant, ce sont des « classes itinérantes » qui voient le jour sous l’initiative du rectorat, « sinon il n’y aurait rien eu, on aurait eu des élèves à la porte ».
Et si l’on se réjouit côté académie, que les maires soient désormais raccords avec la volonté de scolariser le maximum d’élèves, gare aussi à la qualité d’accueil. « Il faut aussi entretenir, nous aurons toute l’année une vigilance extrême sur l’entretien, les fournitures, l’équipement pour que les élèves et les enseignants puissent travailler dans de bonnes conditions », appuie ainsi Gilles Halbout. Et à l’avenir… « Il faut aller vers un parc d’écoles qui obéissent aux normes », ose espérer Dominique Gratianette.
Différencier la pédagogie, multiplier les formations pour répondre aux besoins de chacun
En attendant, le rattrapage se veut aussi pédagogique pour espérer coller aux objectifs nationaux. « Une grosse priorité sera mise sur l’apprentissage différencié », indique à cet effet le recteur avec une formule qui peut heurter mais « adaptée à la réalité » : « sortir de la classe les plus en difficulté pour qu’ils bénéficient d’un accompagnement adapté et permettre au reste de la classe de progresser sereinement ». Le défi : permettre à tous de se projeter dans des formations puis dans la vie active. D’où l’intérêt de multiplier les formations, « en lien avec les besoins du territoire » et de disséminer partout sur l’île des « cursus d’excellence ». Déjà, quelques indicateurs permettent un brin d’optimisme : le taux de sortie du système scolaire en 3ème et seconde a été divisé par deux pour concerner 6% des élèves. Dans le même temps, 1400 places de CAP ou de Bac pro ont été ouvertes en deux ans.
« Encore des lacunes, mais des efforts notables », pourrait commenter un professeur.
Grégoire Mérot