Les tensions sont de nouveau vives à Longoni. Plus exactement au sein de l’entreprise gestionnaire du port Mayotte Channel Gateway (MCG). Depuis la menace de mise à pied du délégué syndical CGT Attoumani Mari Ben Atchou, le feu n’était pas véritablement retombé, les salariés reprochant la non application du précédent protocole de fin de conflit. « Nous avons reçu un versement de 1.000 euros pour le mois de mai, sans aucune explication, alors que le protocole de fin de conflit signé le 6 mars 2017 stipulait le versement des acquis antérieurs depuis 2014 », indiquent les délégués représentant l’intersyndicale CGT Ma-FO-CGE CGC.
Et c’est sur des braises encore chaudes qu’est venu souffler la mise en retraite forcée de plusieurs salariés ayant atteint ou approchant l’âge de 60 ans, « Après examen de votre dossier, nous constatons que vous avez atteint l’âge de départ à la retraite », justifie la présidente de MCG Ida Nel, qui se base sur l’article 6 de la Convention Collective Nationale unifiée (CCNU).
Ce que conteste l’intersyndicale CGT Ma-FO-CGE CGC dans un courrier daté du 2 juin 2016, qui évoque un licenciement abusif pour I. S. qui n’a pas atteint selon elle « l’âge légal de départ à la retraite. »
Les points de discorde se multiplient

Viens se greffer un autre problème celui des avances de salaires, qui ne seront plus accordées et pour lesquelles Ida Nel demande d’accélérer le remboursement. Elle rappelle que « conformément à la CNU », un acompte correspondant à 50% de la rémunération peut être octroyé, qui évoque la mise en place de ce dispositif au sein du Comité d’Entreprise.
Enfin, une négociation individuelle s’est déroulée sur la question des jours fériés, se soldant par une mise en demeure de la présidente, qui reproche des propos « insolents et irrespectueux ».
Se prononçant sur cette nouvelle grève, Ibrahim Aboubacar critique au cours d’un de ses meetings, « les graves problèmes de gouvernance et de gestion de la place portuaire. La décision de confier la gestion du port de Longoni à une entrepreneure ayant des intérêts directs dans le monde de l’import-export relève du Conseil Départemental qui en est le propriétaire », appuie-t-il.
Pourrissement de la situation

Bien que le contexte y inciterait, on ne peut accuser l’élu de propos seulement électoralistes, ayant déjà pris position en mars 2016 contre la gestion de MCG, évoquant le « naufrage de la procédure de DSP ». Un dossier qu’il connaît bien pour avoir été le président du Conseil portuaire lorsque la passation de gestion avait été effectuée. C’est d’ailleurs le reproche qui lui est fait dans les rangs des grévistes, « il était là au moment de la DSP, et il n’a rien fait. Pareil pendant son mandat de député. Pourquoi il parle maintenant ?! »
Ibrahim Aboubacar critique une nouvelle fois le conseil départemental, propriétaire du port, « qui laisse la situation pourrir », et demande une nouvelle fois un changement de statut du port pour celui d’un Grand Port d’Etat. « Ce qui aujourd’hui manifeste leur mécontentement ont raison », conclut-il.
On peut encore craindre un rapport de force, empêchant la sortie des marchandises, et se soldant par l’intervention des forces de l’ordre pour libérer les accès du port, sans que les tensions soient apaisées et qu’aucune réelle solution ne soit trouvée.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte