27.8 C
Mamoudzou
jeudi 25 avril 2024
AccueilEducationDe Phèdre à Olivier Py : Plus que du théâtre scolaire, des...

De Phèdre à Olivier Py : Plus que du théâtre scolaire, des talents mis en scène

Pas de place à l'hésitation pour la Phèdre de M'gombani
Pas de place à l’hésitation pour la Phèdre de M’gombani

Dès le 1er extrait de pièce, nous ne sommes plus dans des tirades hésitantes mais dans un phrasé assuré des quatre apprenties comédiennes, malgré l’exigeante tragédie de Racine, pour partager la souffrance de Phèdre, «  que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent », dans son amour à sens unique pour Hippolyte. Le temps en tout cas de se dire qu’on est en manque à Mayotte de ce genre de pièce indémodable.

Difficile d’entrer dans la pièce suivante, jouée par les secondes, et un décryptage avec une introduction à ce tumulte annonciateur par le titre, Orage, d’Auguste Strindberg, aurait été le bienvenu. Mais les dialogues entre les élèves « tu as laissé ta vie et tes biens ! » – « Mais mon honneur, l’ai-je perdu ? », assurait la séduction des spectateurs, essentiellement des collégiens et lycéens et leurs parents, très réceptifs, tout acquis à la cause du théâtre, une ambiance qui portait les acteurs.

La mise en scène a délibérément pris le parti de transformer cette pièce de théâtre de chambre, et théâtre de salle, puisque les comédiens, tapis parmi les spectateurs qu’ils sollicitaient, déplaçait la scène de ce vieil homme aigri, qui voit revenir son ex-épouse dans sa « maison du silence » qui va trembler sous l’orage.

On rit jaune entre maîtres et valets

Maîtres et valets... une histoire qui va mal finir
Maîtres et valets… une histoire qui va mal finir

La première œuvre à regarder le théâtre de haut, c’est la « Relation maître-valet », jouée par les 1ère du lycée Bamana. Un lien exploité notamment par Molière et Beaumarchais et revisité là, pour arriver jusqu’au bout du bout de l’exaspération, la mort. Histoire de pousser le rire habituellement sollicité dans les fourberies de Scapin, jusqu’au cynisme, « ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant. »

Et la parole devient arme dans la bouche des valets, qui n’usent plus de stratagèmes plaisants pour arriver à leur fin et retourner leurs maîtres, mais disent leurs souffrance : « Nous adorons Madame. Madame est bonne, belle et douce. Mais Madame nous tue avec sa bonté », et singeant sa maîtresse s’adressant à son personnel, « Vous me détestez, vous m’écrasez sous vos prévenances, sous votre humilité, sous les glaïeuls et le réséda. »

Théâtre et politique

On joue dans et avec la salle
On joue dans et avec la salle

Les Terminales enfin offraient une pièce complexe, au programme du Bac pour l’option théâtre, «  Les illusions comiques », d’Olivier Py. C’est une vision politique du théâtre et de la place que prend la parole. On en attend simplement du théâtre ou bien des prises de position ? Et jusqu’où dans ce cas ? Le poète est ainsi pris dans un tourbillon tant sa parole est épluchée, reconnue, adoubée. Il s’agit ici d’une prise de position sur… le hareng fumé. « Mais tout est idéologique », s’exclame des partisans du sens, « Le poète est celui qui ose l’appropriation du monde ». Mais le « monde » va le perdre.

Car lui qui ne demandait pas plus que d’exercer son métier, « il y a de la parole dans la parole », finit par être jugé et condamné.

Orage, plus qu'un huis clos
Orage, plus qu’un huis clos

« Une pièce très compliquée, qui parle de théâtre de manière politique, du théâtre dans le théâtre, que les lycéens ont du s’approprier », glisse à l’issue de la représentation Anne-Claire Higgings, l’enseignante qui a travaillé avec ses élèves en résidence d’artistes avec la compagnie M Comme, trois fois dans l’année.

Quant au superbe travail fait sur les trois autres pièces, Laure Noutat qui les chapeaute depuis 3 ans, était noyée dans les bras de ses élèves, pour des larmes collectives en guise d’adieu, puisqu’elle part vers de nouveaux horizons nord-américains.

Il faut à tout prix faire jouer ces extraits de pièces pour les établissements scolaires de l’île. Histoire de découvrir l’amour du théâtre bien fait.

Laure Noutat entourée de ses élèves
Laure Noutat entourée de ses élèves

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Le rideau est tombé sur un an de répétition
Le rideau est tombé sur un an de répétition

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Barge, STM, Mayotte

Perturbation des rotations de barges en raison de leur entretien

0
La direction des transports maritimes du conseil départemental informe d'une perturbation des barges ce 24 avril, ainsi que les 2, 9, 15 et 22 mai 2024, "due au nettoyage des navires." "Ainsi, ces arrêts techniques...
Grande dictée du sport, Mayotte, Erik Orsenna

Grande dictée du sport : nos quatre finalistes sous la dictée d’Erik Orsenna

0
C’est une des déclinaisons des JO 2024 organisés par la France : la Grande dictée est axée sur le sport. Attrapez vos stylos, finale nationale ce samedi
Marie Guévenoux, Mayotte, projet de loi, Place-nette

« Mayotte Place-nette » : le point de Marie Guévenoux à J+ 8

0
Bien que l’on ait affaire à une ministre impliquée, le piège de communiquer sur des premiers résultats fragiles au regard de la connaissance des enjeux du territoire par sa population pourrait s’avérer contreproductif
Conciliateur de justice, Mayotte

Tribunal judiciaire : Une automobiliste percute accidentellement une fillette de 7 ans

0
C’est le genre d’histoire dont les conséquences sont à la fois dramatiques pour la victime et sa famille mais aussi pour le mis en cause. D’aucuns appellent ça des faits de vie, d’autres des drames de la vie. Dans les accidents mortels involontaires l’accusé est souvent tout autant meurtri que la famille de la ou des victimes.
Europe, FEDER, FSE, Mayotte

Fonds européens : Mayotte danse-t-elle avec les millions ?

0
Cela fait longtemps que nous n’avons pas parlé de fonds européens tant les sujets sécuritaires, hydrique, sanitaires, envahissent les rédactions. Dans un communiqué, le préfet se veut rassurant sur leur consommation, et surtout, leur paiement

Recent Comments