Le bruyant monde du silence

A l’occasion de la Semaine du son de l’UNESCO du 16 au 29 janvier, le Parc Naturel Marin propose de se pencher sur la vie sonore du milieu marin, communément appelé « monde du silence », qui regorge pourtant de crissements, de craquements, de pépiements, de chants et de vrombissements

Nous avons quasiment tous écouté un jour le chant des sirènes, mais celui qu’émettent les poissons entre eux est moins connu. Si en apnée, on perçoit toutes sortes de sonorités, on ne sait pas trop d’où elles proviennent. Les poissons ont 2 principales façons de produire des bruits : « Par la friction de deux parties dures comme c’est le cas pour le poisson clown qui fait claquer sa mâchoire et ses dents pour défendre son territoire, et avec la vessie natatoire qu’ils frappent comme un tambour : cette poche qu’ils remplissent ou vident de gaz à volonté leur sert de stabilisateur et leur permet de monter à la surface ou de descendre dans la colonne d’eau, mais également de communiquer ».

Et ils sont loin d’être sourd, malgré l’absence d’oreilles visibles ! « Ils possèdent un système d’audition très performant. L’eau étant incompressible, elle répercute parfaitement les vibrations. »

Beaucoup d’échanges entre les dauphins (Photo: A.P-L.)

Les cétacés eux ont des moyens de communication particuliers. « Les odontocètes (cétacés à dents : dauphins, orques, cachalots…) produisent des vocalisations (sifflements, clics) grâce à d’épaisses membranes appelées « lèvres phoniques » au niveau de l’évent. À ce jour, on ne sait pas précisément comment les mysticètes (cétacés à fanons : baleines, rorquals) produisent leurs chants car c’est très difficile d’observer les organes d’une baleine vivante. On pense qu’elles produiraient des sons grâce à leur larynx qui abrite des plis comme les cordes vocales chez l’homme.

Une étude de l’université Cornell (États-Unis), relayée par le site geo.fr en janvier 2022, révèle que les poissons communiquent entre eux bien plus souvent qu’on ne le pense. Certains d’entre eux le feraient même depuis plus de 155 millions d’années.

Au cœur du Parc Naturel marin de Mayotte, les scientifiques de la société Reef Pulse et les agents du Parc écoutent les récifs coralliens en posant des hydrophones sous-marins pour un suivi en continu des communautés de poissons.

Actuellement, 43 sites d’écoute sont déployés en pente externe de récif barrière pour 24h d’enregistrement par site. L’objectif est l’étude des variabilités spatiales des communautés de poissons.

Initié en août 2022, le projet SONOMAY permet également l’enregistrement en continu de 4 sites durant une année complète : la Passe en S, la Passe Boueni, le Récif Nord et la barrière Sud. Ces écoutes permettront de définir l’état de santé de ces milieux, notamment en évaluant la diversité des espèces récifales présentes.

Trafic maritime intense dans et à l’extérieur du canal du Mozambique (Source : Marinetrafic.com)

Le Parc Marin en profite pour évoquer les pollutions sonores induites par les navires, la recherche pétrolière ou autres activités humaines, notamment sur les routes maritimes où se croisent les navires de commerce. « De 1950 à 2000, le nombre de navires motorisés a triplé et le tonnage des bateaux a considérablement augmenté. Fruits et légumes, appareils électroniques, textiles et vêtements, voitures, matériaux, meubles, appareils ménagers… plus de 80 % des marchandises sont aujourd’hui sont transportées par bateau. » Difficile à éviter donc, en raison de l’accroissement de la population mondiale, et des importations des biens indispensables à la vie quotidienne. En attendant que la marine à voile fasse son retour…

A.P-L.

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