L’annonce est tombée hier. Une délégation mahoraise composée du président de l’association des maires de Mayotte, Madi Madi Souf, du directeur de cabinet à la mairie de Pamandzi, du grand cadi de Mayotte, et de trois autres collaborateurs, s’est rendue aux Comores du 15 au 19 septembre dernier sur invitation du président de l’Union des Comores. Les éléments de synthèse de cette rencontre ont provoqué un tollé au sein d’une partie de la classe politique.
Alors que le voyage faisait état d’une simple « visite privée » dans le cadre de la fête du Maoulida, le rapport de l’association des maires de Mayotte transmis au ministre de l’intérieur mentionne des discussions et des arbitrages géopolitiques.
Un allègement du Visa Balladur ?
Dans le rapport, on peut lire qu’à l’occasion d’un dîner organisé au domicile du directeur de cabinet du président comorien, c’est surtout de politique dont il s’agissait. Plusieurs thèmes sont mentionnés, tels que « l’insécurité et la question des mineurs isolés à Mayotte », « la coopération économique », « la santé », et « le visa Balladur », où un « accord de principe sur l’allègement du visa Balladur, voire sa suppression, pour favoriser la circulation des personnes sous certaines conditions », a été acté entre les parties. La députée Estelle Youssouffa n’a pas caché sa colère sur les réseaux sociaux en s’exclamant : « Les serrélamains à l’œuvre pour tuer Mayotte avec les manœuvres diplomatiques pro-comoriennes. »
« Notamment pour ceux qui veulent venir se faire soigner »
Face à ce scandale politique, le président de l’association des maires de Mayotte a justifié son voyage en précisant que celui-ci était connu des élus : « On a un groupe WhatsApp, j’ai prévenu tous les maires, certains avaient des réserves mais ils ne se sont pas opposés. J’ai également mis au courant du voyage le préfet et le sénateur Thani. » Dénonçant un immobilisme politique vieux de plus de quarante ans au sujet des relations franco-comoriennes, Madi Madi Souf a ajouté : « Tout ça c’est de l’hypocrisie politique, je ne suis pas pour l’immigration illégale », en précisant qu’il n’avait pas demandé la fin du visa Balladur mais son simple « allègement notamment pour ceux qui veulent venir se faire soigner », ajoutant, « on leur fait un visa avec un hébergement et puis ils repartent chez eux. » Le gouvernement français pourrait être prochainement entendu puisque toute modification du Visa Balladur relève de sa compétence.
Mathilde Hangard