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Le « dividende démographique » pour Mayotte a de multiple paramètres

Dans une tribune du Monde titrée "Si rien n'est fait, Mayotte ne pourra pas bénéficier du dividende démographique qu'offre la jeunesse de sa population", un économiste, revient sur les grands enjeux démographiques du territoire. En reprenant l'histoire de l'évolution démographique et en n'oubliant pas l'émigration, il remet en perspective le défi de l'éducation pour l'avenir des jeunes. En omettant cependant une donnée de taille, leur situation administrative qui les prive d'emploi.

Signée de François Hermet, maitre de conférence à l’université de La Réunion, et auteur d’un ouvrage sur la départementalisation de Mayotte, la tribune part d’un postulat de départ pour commenter les mesures de Gérald Darmanin, « Il est indéniable que le développement de Mayotte passe par la maîtrise de cette forte immigration. »

Un petit retour sur les statistiques que nous connaissons rend l’avenir vertigineux au lecteur : « L’effectif de la population a décuplé depuis 1958, quadruplé entre 1985 et 2017, et doublé sur ces vingt dernières années. Réguler cette pression démographique constitue l’un des défis les plus exigeants à relever pour l’île. » Car si le taux de croissance de la population est de 3,8% depuis 2011, on a perdu de vue qu’il était de 5,8% à la fin des années 80. Il avait donc bien diminué avec un petit 2,7% sur la période 2007-2012.

L’économiste rappelle une tendance publiée par l’INSEE Mayotte, malgré les nombreuses arrivées et les naissance, le solde naturel (naissance moins les décès), augmentait peu, (+1.100 personnes par an) voire était négatif, en raison de l’émigration, les habitants qui quittent l’île notamment pour leurs études.

Illettrisme, Mayotte, ANLCI
Scolariser, une condition nécessaire mais pas suffisante pour l’avenir des migrants à Mayotte

Comment tirer bénéfice de l’accroissement démographique ?

Ce qui explique on le sait, que les trois quarts des naissances soient issues des mères étrangères, leur fécondité étant de 6 enfants par femme, contre 3,5 pour les natives de Mayotte. Et ce qui impose, on y revient, une politique de régulation des naissances, à afficher sur tous les murs.

Mais ce que veut démontrer l’auteur, c’est l’importance de l’éducation : « Même à supposer que l’immigration s’estompe dans un avenir proche, l’inertie démographique d’ores et déjà inscrite dans la structure de l’actuelle population mahoraise conditionne immanquablement l’avenir du territoire. Plus jeune département de France, le développement de Mayotte sera conditionné à sa capacité à insérer de façon durable sa jeunesse dans l’emploi. »

Pour ne pas passer à côté du « dividende démographique », (le bénéfice temporaire issu de l’augmentation de la part de la population active), François Hermet incite à scolariser strictement tous les enfants. Un défi difficile à suivre pour les maires tant il faut de salles de classe pour étaler ces arrivées et ces naissances, mais qui n’ont pas le choix, sous peine de laisser errer dans l’ignorance encore plus de jeunes.

Mais ils ne seront pas sauvés pour autant, puisqu’à leur majorité, l’Etat ne leur reconnait aucune existence légale, tuant l’espoir qu’il avait suscité. Une donnée que devra intégrer l’auteur de la tribune. Et étant donné la saturation du foncier à Mayotte, c’est aux Comores qu’il faut aussi développer les capacités de construction des écoles et les moyens humains à y consacrer.

Anne Perzo-Lafond

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