Le général Demosthene Pikulas a pris officiellement ses fonctions de chef d’Etat-major des forces armées malgaches ce dimanche 12 octobre dans l’après-midi. La passation a eu lieu au quartier général de Fortunat Ruphin Zafisambo, selon la presse malgache. L’officier remplace un autre général dénommé Deramasinjaka Rakotoarivelo, qui est nommé ministre des Forces armées.
Confusion et contestation
Malgré cette passation qui s’est déroulée dans une atmosphère cordiale, la situation reste toujours confuse à Madagascar au lendemain des déclarations d’un contingent de l’armée malgache. Celui-ci a semé la confusion depuis samedi 11 octobre après que des unités ont décidé de se ranger du côté des manifestants. Les militaires en faction ont multiplié les actes et gestes de défiance envers le Président Andry Rajoelina et le nouveau gouvernement mis en place le 6 octobre dernier.

Ces hommes en treillis du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT) ont, d’abord, fait une déclaration publique, appelant à « refuser les ordres » de tirer sur les manifestants avant de fraterniser ensuite avec ces derniers, suscitant des scènes de jubilation dans la capitale malgache et dans plusieurs villes de Madagascar.
Dimanche 12 octobre, les hauts responsables du CAPAST ont donc propulsé ce général de division avec comme mission de « travailler pour l’unité de toutes les forces armées » de Madagascar. Il faut rappeler que les forces armées composées d’entités aux missions différentes ne sont toujours pas en odeur de sainteté après le triste bilan de 22 morts enregistrés lors des répressions des manifestants.
La réaction de la COI
La gendarmerie et la police, qui sont deux corps à part, et les militaires n’ont pas la même appréhension sur la conduite à tenir face à la contestation. Des bavures ont été récemment attribuées à des unités de la gendarmerie dont le patron a promis de « corriger les erreurs » dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre.

Le comportement des militaires du CAPSAT a fait réagir le Président Andry Rajoelina qui a dénoncé « une tentative de prise du pouvoir illégale par la force ». Dans un communiqué, le dirigeant malgache, qui est toujours à Madagascar, dit continuer à gérer « les affaires courantes ». Il est difficile de se faire une idée de ce qu’adviendra la nomination de ce général à la tête des forces armées malgaches.
La commission de l’Océan indien (COI), à travers la présidence comorienne en exercice, a lancé un appel à toutes les parties au dialogue et à l’esprit d’ouverture avant de mettre en garde tout changement de régime à Madagascar en violation des principes constitutionnels.
Enfin, la compagnie aérienne Air France a décidé de suspendre ses vols entre Paris et Antananarivo jusqu’à lundi inclus.
A.S.Kemba