Malgré l’absence d’attaques de requins depuis 2019, le risque demeure une préoccupation constante à La Réunion. Dans un contexte de vigilance accrue, le préfet rappelle fermement les règles de sécurité en mer et alerte sur la montée inquiétante des comportements imprudents. Cette mise en garde s’adresse également aux nombreux Mahorais présents sur l’île durant l’hiver austral.
Le 30 avril, le dispositif des Vigies Requins Renforcées (VRR) a officiellement pris fin, laissant place à la Brigade de Sécurité des Activités Nautiques (BSAN), opérée par l’association RESSAC. Depuis, les autorités insistent : le respect des consignes de sécurité est plus que jamais nécessaire, face à la multiplication des prises de risque sur le littoral réunionnais.
Des pratiques dangereuses en hausse

Le 28 juillet 2025, la préfecture de La Réunion et le Centre Sécurité Requin (CSR) ont tiré la sonnette d’alarme : une recrudescence de comportements à risque a été constatée sur plusieurs plages de l’île. Parmi les dérives relevées figurent les mises à l’eau tôt le matin ou en fin de journée, des moments particulièrement propices aux attaques de squales. S’ajoutent des activités menées dans des eaux troubles ou à proximité de zones où des requins ont récemment été observés, ainsi que des baignades en dehors des zones protégées, hors des lagons ou des bassins surveillés.
Certaines personnes pratiquent également le surf en solitaire, sans encadrement ni dispositif de répulsion, exposant ainsi leur vie à un danger réel. « L’hiver austral est une période sensible : les conditions océaniques attirent les squales près des côtes », rappelle la préfecture, qui insiste sur la nécessité de respecter les règles en vigueur.
Ce que dit la réglementation
Depuis l’arrêté préfectoral de 2013, la baignade et les activités nautiques sont interdites dans la bande des 300 mètres, à l’exception des lagons — comme celui de l’Hermitage —, des bassins surveillés de Boucan-Canot et Manapany-les-Bains, ainsi que des zones équipées de filets anti-requins à Roches-Noires, Étang-Salé et Boucan-Canot.
Le surf, quant à lui, n’est autorisé que dans les zones encadrées par la BSAN, notamment sur trois spots : la Passe de Saint-Leu, la Gauche de Saint-Leu et le Bord de l’Étang-Salé. Il est également fortement recommandé d’utiliser un dispositif de répulsion électrique individuel et de ne jamais aller à l’eau seul.
Depuis mars 2025, la pratique du Palme-Masque-Tuba (PMT) est à nouveau autorisée dans les 300 mètres, mais uniquement si elle est encadrée.
Des Mahorais nombreux sur l’île : un appel à la prudence

L’hiver austral correspond aussi à une période de forte fréquentation de La Réunion par les Mahorais, qu’ils soient touristes ou en visite familiale. Nombreux sont ceux qui profitent de leur séjour pour se rendre sur les plages, pratiquer des activités nautiques ou tout simplement se détendre en bord de mer.
Mais les conditions marines réunionnaises sont bien différentes de celles de Mayotte, où la double barrière de corail protège l’île aux parfums. À La Réunion, la houle fréquente, les sédiments charriés par les rivières et la présence régulière de squales rendent la baignade plus risquée. Comme les règles locales ne sont pas toujours faciles à connaître, certaines imprudences peuvent être commises. Les visiteurs sont donc invités à consulter l’application DORSAL ou la carte du programme de pêche préventive pour s’informer en temps réel sur les zones à éviter.
Un risque toujours présent, malgré l’absence d’attaques récentes
Depuis mai 2019, aucune attaque de requin n’a été recensée à La Réunion. Mais les autorités le rappellent : cette absence d’incident ne signifie pas que le danger a disparu. Au contraire, la saison fraîche est propice à la présence des squales, notamment les requins bouledogues et tigres, responsables des précédents drames.
Le passage du cyclone Garance, le 28 février dernier, a encore aggravé la situation en troublant les eaux et en attirant les requins près du rivage, compliquant le travail de surveillance des équipes sur le terrain.
Mathilde Hangard