La LODEOM au cœur des derniers arbitrages de la loi refondation

Bien que le texte de loi sur la refondation de Mayotte ait été adopté mardi en commission mixte paritaire et voté à l’Assemblée nationale ce mercredi après-midi, les 4 parlementaires mahorais souhaitent néanmoins que la LODEOM puisse s’appliquer le 1er janvier prochain à Mayotte et non le 1er janvier 2027.

La LODEOM pas encore appliquée à Mayotte, une exception parmi les DROM !

C’était un des chevaux de bataille de la sénatrice Salama Ramia : faire en sorte que la LODEOM (Loi pour l’Ouverture et le Développement Économique de l’Outre-Mer) s’applique le plus tôt possible à Mayotte afin de ne pas pénaliser et faire s’écrouler les entreprises mahoraises. « Nous (ndlr, les parlementaires mahorais) n’avons pas été entendus, regrette la sénatrice. La LODEOM a été repoussée d’un an pour s’appliquer au 1er janvier 2027 alors que l’alignement du Smic à 87% sur celui du national va être mis en place au 1er janvier 2026. Comment vont faire les entreprises pour absorber cette hausse et les charges qui vont avec alors que Mayotte est le seul DROM ou la LODEOM ne s’applique pas », s’inquiète Salama Ramia.

INSEE, salaire, Mayotte, Guyane, CEROM
Du fait du report de la LODEOM au 1er janvier 2027 et de la mise en place de l’alignement du Smic le 1er janvier prochain, les entreprises risquent de rencontrer des difficultés selon la sénatrice

En effet, pour rappel dans les autres DROM, les charges patronales tournent aux alentours de 2% alors qu’elles sont d’environ 30% à Mayotte. « Prenons l’exemple d’un salaire à 1.800 euros, dans les autres DROM l’abattement pour les charges patronales s’élèvent à 575 euros alors qu’à Mayotte il est de seulement 200 euros. C’est une injustice profonde envers Mayotte par rapport aux autres territoires ultramarins », s’insurge l’élue du palais du Luxembourg. Et elle ne cache pas sa profonde inquiétude pour les entreprises mahoraises et le tissu économique du 101e département. « Les entreprises vont fermer, elles vont s’écrouler, elles vont avoir de grandes difficultés ».

Les parlementaires mahorais ont tenté de faire pression sur le Gouvernement, ce mercredi, afin que celui-ci dépose un amendement avant le vote de la loi à l’Assemblée nationale. Malheureusement, à l’issue du vote, le Gouvernement n’a pas amendé le texte de la CMP…« Le SMIC sera aligné dès 2026, mais la LODEOM n’entrera en vigueur qu’en 2027, confie la sénatrice, un peu déçue. Cela crée un décalage dangereux pour nos entreprises déjà fragiles. Que vont faire les employeurs mahorais entre-temps ? Les mesures compensatoires prévues pour absorber cette hausse du coût du travail demeurent insuffisantes. Ce décalage appelle des mesures transitoires adaptées pour soutenir nos entreprises. Mais mon combat pour la LODEOM continue car elle n’est pas un privilège. C’est un droit ! Une voie existe, je la suivrai jusqu’au bout. Aussi, j’appelle à la mise en place de mesures transitoires pour soutenir les entreprises mahoraises dans cette phase délicate », assure Salama Ramia.

« Les parlementaires mahorais ont parlé d’une seule voix ! »

Les quatre parlementaires ont défendu à l’unisson un projet de loi de refondation pour Mayotte

Néanmoins malgré le report de la LODEOM, la sénatrice de Mayotte salue l’attitude et le vote des membres de la commission mixte paritaire. « C’est un grand pas que nous avons franchi… Une étape essentielle pour faire avancer les droits, la dignité et le développement de notre territoire. Les parlementaires mahorais ont parlé d’une seule voix ! La suppression du titre de séjour territorialisé a été adopté par tout le monde alors que ce n’était pas gagné d’avance ». Concernant l’article 19 sur les expropriations, la sénatrice reconnait que c’était la partie la plus dure de la négociation. « Il y a eu de nombreuses suspensions de séances…il y avait davantage de voix pour que l’article 19 ne soit pas supprimé dans la loi et finalement, à force de persuasion, les parlementaires de la CMP ont accepté de ne pas l’intégrer », ce qui pour Salama Ramia est une victoire pour Mayotte. Elle assume par ailleurs cette position même si cela doit ralentir la reconstruction de notre territoire. « Le Gouvernement ne pourra plus faire des expropriations dérogatoires mais il devra passer par le droit commun… je préfère que la reconstruction prenne plus de temps, certes, mais au moins cela garantira une certaine paix sociale… ».

B.J.

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Des policiers pris en embuscade dans le secteur de Kaweni

Le 30 juillet 2025, en début de matinée, sur...

Lancement d’une campagne de vaccination et de dépistage des IST à Mamoudzou ce mois d’août

Une action de santé publique gratuite, anonyme et ouverte à toutes et à tous.

Un climat économique toujours incertain dans les territoires ultramarins malgré une inflation en baisse

Les territoires d’Outre-mer ont été fortement impactés en 2024 notamment à cause des tensions internationales mais aussi et surtout par des événements propres à chaque territoire : émeutes en Nouvelle Calédonie, manifestations en Martinique contre la vie chère, crise sociale et passage dévastateur de Chido à Mayotte, ou encore le cyclone Garance à La Réunion. Tous ces événements témoignent d’un climat économique encore incertain.

Depuis Mayotte, le cabinet 2JRD Consultants fait le pari de relier les savoir-faire de l’océan Indien

En s’implantant entre Madagascar, Mayotte et La Réunion, le cabinet 2JRD Consultants veut professionnaliser les artisans et structurer les filières locales, à contre-courant d’une désorganisation chronique.