Les travaux sur la voie publique en sont la matérialisation : Mayotte est entrée dans une nouvelle ère de mobilité depuis quelques années. Avec l’émergence du 1er réseau de transport en commun terrestre Caribus, d’un bus à haut niveau de services aux couloirs dédiés, le développement des transports publics ne peut que se généraliser. Au milieu de ces nouveaux tracés, les mobilités actives – comme la marche et le vélo – peinent encore à se faire une place.
Selon l’expert en mobilité Mohamed Hamissi, si « marcher fait toujours partie du quotidien des Mahorais », cette pratique est insuffisamment valorisée et très peu sécurisée. Quant au vélo, « il reste quasi absent du paysage urbain, freiné par un environnement routier inadapté, la domination de la voiture et l’absence d’infrastructures cyclables ».
Un paradoxe selon lui : « sur un territoire où beaucoup de trajets font entre 1 et 5 km, ces modes de déplacement sont une solution simple, économique, écologique et bonne pour la santé ».
Et c’est également un sujet de santé publique : « Favoriser les modes actifs à Mayotte, c’est bien plus qu’une réponse aux enjeux de circulation. C’est aussi prévenir les maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, certains cancers), améliorer la santé mentale grâce à l’activité physique et à la réduction du stress, et réduire l’impact environnemental lié aux déplacements. Dans un contexte de changement climatique et de pression croissante sur le système de santé des Mahorais, il devient plus que jamais nécessaire de changer nos habitudes de mobilité ».
Un réseau citoyen pour faire bouger les lignes

C’est dans ce contexte qu’est né le Réseau des Amoureux du Vélo 976 (RAV 976), porté par ce technicien et militant engagé pour une mobilité durable à Mayotte. Le réseau a pour vocation de fédérer toutes celles et ceux qui croient à l’avenir du vélo « dans une démarche conviviale, inclusive et non compétitive » : « Le projet peut sembler audacieux, vu les réalités locales. Mais c’est justement là que réside tout l’intérêt. Les grandes transformations naissent souvent de défis ambitieux. Et Mayotte est un territoire de défis. Je me rends utile là où peu sont prêts à aller ».
Il s’agit pour commencer d’insuffler ce qu’il appelle « une culture vélo ». Le RAV 976 se donne ainsi plusieurs missions : commencer à participer aux grands événements autour du vélo : Mai à Vélo, Semaine européenne de la mobilité, etc., organiser des sorties conviviales dans plusieurs zones de l’île, promouvoir les bons réflexes de sécurité à vélo (code de la route, prévention…), identifier des référents locaux pour ancrer le réseau sur le territoire, encourager le développement du vélotourisme, en lien avec les offices de tourisme, et formuler des propositions concrètes aux institutions pour une meilleure intégration du vélo dans les politiques publiques. « Parcourir Mayotte à vélo, c’est redécouvrir son territoire, recréer du lien social, et offrir une alternative de déplacement équitable ».
Une dynamique déjà en marche

Certaines initiatives voient déjà le jour : « plusieurs intercommunalités ont rédigé des schémas directeurs cyclables, et de premiers aménagements dédiés sont mis en place, dont les équipements de vélos pour les agents, les aides à l’achat, ou encore des ateliers d’apprentissage dans les écoles. En outre, le développement du vélo fait partie des actions du plan global de transport et de déplacements de Mayotte ».
Le RAV 976 souhaite accompagner et renforcer cette dynamique, en créant une communauté structurée, capable de mutualiser les ressources, de partager les expériences et de porter une parole collective auprès des institutions.
« Je lance cette initiative, mais elle ne m’appartient pas. Le but est de fédérer les énergies. Chaque contribution compte », insiste-t-il.
Une plateforme pour s’informer et s’engager

Le lancement officiel du réseau est prévu pour ce mois de juillet 2025, avec l’ouverture de la page Facebook « RAV 976 – Réseau des Amoureux du Vélo », qui centralisera les informations et les actualités.
Une fiche de présentation du projet sera également transmise aux collectivités, partenaires, associations et autres acteurs concernés.
Quelques images de l’événement « Petite Terre en Modes Doux