Papani, une plage magnifique et isolée de Mayotte, s’est transformée en scène de crime écologique. En seulement trois jours, six tortues vertes protégées ont été retrouvées mortes, leur chair découpée alors qu’elles étaient encore en vie. Une violence inédite qui a bouleversé les membres du Collectif Anti-Braconnage, mobilisés depuis deux ans contre un phénomène qui ne faiblit pas. « Pas égorgées. Pas abattues. Mutilées vivantes », résume avec horreur Dorian Biraud, membre du collectif.
Une hécatombe connue… mais tolérée ?

Depuis des années, les associations alertent sur la recrudescence du braconnage de tortues marines à Mayotte. Mais l’impunité reste la règle, notamment dans les zones reculées, comme Papani, où l’obscurité et l’absence de contrôles facilitent les agissements des braconniers. « Le silence, l’obscurité, l’absence de contrôles… tout joue en leur faveur », dénonce le collectif, qui bivouaquait encore le 11 juin dernier sur une falaise surplombant la plage. Leur présence ce soir-là a permis de dissuader deux braconniers, alors que cinq tortues étaient en train de pondre.
Une action citoyenne face à l’inaction
Malgré leur détermination, les membres du collectif reconnaissent les limites de leur action. Sans moyens, sans statut officiel, sans relais politique, ils pallient le vide laissé par les autorités. « La protection des tortues marines ne peut pas reposer uniquement sur la bonne volonté d’associations sous-financées. Elle doit devenir une priorité concrète et partagée ». Le Collectif appelle aujourd’hui le Département, le Préfet, les forces de l’ordre et les acteurs associatifs à une réponse forte, visible et immédiate.
Une urgence vitale pour l’écosystème

Symbole de la biodiversité marine, les tortues vertes sont des espèces protégées au niveau international. Leur disparition brutale à Mayotte ne menace pas seulement un équilibre naturel fragile, mais aussi l’image du territoire. Le Collectif Anti-Braconnage promet de continuer ses patrouilles, ses documentations, ses alertes. « Nous continuerons à porter la voix de celles qui n’en ont pas. Il est temps d’agir. Vraiment ».
Bobane ABASSE