UrMa a été créée le 18 avril dernier suite aux propositions faites dans la loi de programmation, et quelques jours avant la venue d’Emmanuel Macron à Mayotte. « On a vu l’urgence de créer cette association, cela manquait dans le paysage associatif… Ce n’est pas un collectif, nous ne ferons pas d’opérations coup de poing, il n’y aura pas de débats stériles. Nous voulons entrer dans les dossiers en menant une réflexion, en étant structurés et travailler avec des données », a ainsi déclaré en préambule, Mahamoud Aziary, membre d’UrMa.
« On ne peut pas laisser les choses se faire en tant que tel »

Si cette association a vu le jour c’est pour dénoncer les décisions de l’État concernant certains enjeux essentiels pour le développement Mayotte, avec notamment pour principale contestation le choix du projet de piste longue à Bouyouni en Grande-Terre. « Nous ne comprenons plus ce qu’il se passe ! Il y a des choses bizarres. Le choix de la future piste longue s’est fait contre l’avis de la population mahoraise et des élus », constate Mahamoud Aziary. Les membres de l’association mettent en avant la diffusion de mensonges concernant le site de Pamandzi. « Nous voulons avoir des données, on ne nous dit pas ce qu’il se passe, il y a beaucoup de choses fausses concernant Pamandzi. Nous voulons savoir ce qu’il se cache derrière », a-t-il poursuivi.
« L’État s’obstine sur le choix de Bouyouni », a renchéri le président de l’Association des Usagers du Transport Aérien à Mayotte (AUTAM), Ali Djaroudi. « Le débat public a seulement lieu en Petite-Terre. De plus il y a un problème avec le comité de pilotage…Ce projet prévu à Bouyouni ne commencera pas en 2027, il y a beaucoup de mensonges. On ne comprend pas l’État qui veut passer en force, on demande à ce qu’il revienne sur sa décision. On ne peut pas laisser les choses se faire en tant que tel ».
Les membres d’UrMa ont également pointé du doigt l’insécurité dans les transports scolaires et dénoncent l’inertie et la passivité des pouvoirs publics. « Les délinquants utilisent des outils qui sont fabriqués dans des ateliers et qui permettent de transpercer les vitres des bus. Il n’y a aucune volonté d’arrêter les agressions, pourquoi ? », s’interroge Mahamoud Aziary. « Nous avions demandé des caméras latérales ainsi que des patrouilles équipées de drones, il n’y a aucun moyen et les forces de l’ordre mettent trop de temps pour intervenir », s’insurge-t-il.

Il a aussi été question de convergence sociale avec Haoussi Boinahedja, secrétaire départemental de la CGT, qui considère que « l’absence d’égalité à Mayotte tue ce territoire. Il n’y a pas d’alignement des salaires et du smic ce qui entraine des répercussions sur les retraites, c’est de la discrimination, a-t-il clamé. Alors les autres territoires de la République ont des dispositifs adaptés, comme en Guyane par exemple. On ne peut pas accepter que Mayotte soit mise à l’écart ». Et d’ajouter que « la société civile ne s’inscrit plus dans les slogans ».
Enfin, autres revendications et pas des moindres : la suppression du titre de séjour territorialisé ainsi que celle de l’article 19 du projet de loi de programmation. « Sur les titres de séjour, l’État fait défaut… », constate un des membres d’UrMa. Quant à l’article 19 du projet de loi concernant notamment les expropriations, l’association UrMa demande purement et simplement sa suppression. « Nous déplorons cet article 19… nous demandons la suppression des articles 19, 19 bis, et 19 ter. Ces articles visent à accélérer la spoliation des biens des Mahorais, nous ne sommes pas d’accord ».
L’association entend poursuivre sa mobilisation dans les prochaines semaines contre certaines mesures du projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte.
B.J.