« On est scandalisés » déclare Mariame Hassani, directrice de l’école maternelle de Cavani Sud, au lendemain des faits. C’est un bien triste spectacle qui attendait les ouvriers chargés de la rénovation de l’école en ce mardi matin : des classes saccagées, du matériel sens dessus-dessous…
« C’est vraiment pour empêcher les gens de s’instruire »
Au sol, s’amoncellent des bris de verre, cahiers et détritus divers, sorte de capharnaüm de mobilier scolaire en tout genre. « C’est la première fois depuis que l’école existe qu’on a eu ce genre d’acte de vandalisme » reprend la directrice, visiblement sous le choc face à de tels actes. » C’est une maternelle, avec des enfants entre trois et cinq ans, il n’y a vraiment rien à voler (…) C’est vraiment pour empêcher les gens de s’instruire ». Selon Mme Hassani, les individus se seraient introduits en creusant des passages au niveau des contreplaqués autour des classes. Ils seraient ensuite repartis avec les outils de l’entreprise chargée des rénovations de l’établissement.
« Je trouve ça scandaleux reprend la directrice, c’est bientôt la rentrée et l’école était en rénovation, tout est mis en place pour qu’on fasse une très bonne rentrée. Mais là, on fait deux pas en arrière, déjà pour le matériel. On ne sait pas si réellement on aura assez de matériel pour la rentrée, pour les enfants ».
Une rentrée scolaire désormais teintée d’incertitude
» On ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangés » reprend Mariame Hassani. Celle-ci explique néanmoins que la mairie de Mamoudzou s’est engagée à faire le nécessaire pour que tout soit opérationnel, et les travaux devraient reprendre rapidement. « Je ne comprends pas trop la motivation reprend la directrice quant à cet acte de vandalisme. Mais ce n’est pas quelque chose qui va nous empêcher de continuer à instruire nos élèves, à leur donner le plaisir de venir à l’école… Au contraire, ça nous donne le courage de former nos élèves pour qu’ils ne soient pas comme eux ».
Cet acte de vandalisme loin d’être inédit, aurait été précédé par un autre épisode similaire dimanche dernier, à l’école Mhogoni de Passamainty. De quoi s’interroger sur la portée de tels actes, tout particulièrement dans le contexte scolaire mahorais si particulier. Dans sa synthèse de juin 2022 sur le développement de Mayotte, la Cour des comptes précise que « le rythme de construction des écoles primaires est très insuffisant au regard des 850 classes supplémentaires nécessaires à l’accueil des enfants dans des conditions satisfaisantes. » Les écoles manquent, mais les délinquants saccagent les établissement existants.
Voilà qui fait référence au célèbre poème de Victor Hugo A qui la faute ?, dialogue entre un poète et un « misérable » ayant brûlé une bibliothèque : « Crime commis par toi contre toi-même, infâme ! / Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme ! ». Où quand la littérature résonne encore et toujours dans l’actualité.
Mathieu Janvier