Une reprise scolaire sous pression, plus de trois mois après Chido

Malgré les efforts de réhabilitation, l'activité scolaire demeure sous pression à Mayotte, avec des établissements endommagés et des infrastructures encore insuffisantes.

Le passage du cyclone Chido à Mayotte, le 14 décembre 2024, a causé d’importants dégâts dans de nombreux secteurs, dont celui de l’Éducation. Plusieurs établissements scolaires ont été endommagés, certains ont été utilisés comme centres d’hébergement d’urgence, et d’autres ont souffert des conséquences d’actes de vandalisme. Depuis le 27 janvier 2025, jour de la rentrée scolaire, des efforts de réhabilitation ont été lancés pour permettre la reprise des cours « coûte que coûte« .

Des réouvertures progressives malgré des dégâts considérables

Une classe de BTS du lycée de Chirongui lors de la reprise scolaire

Un mois et demi après le passage du cyclone, le 27 janvier 2025, 27 écoles avaient pu accueillir des élèves, dans 420 salles de classe réhabilitées, permettant à 10.114 enfants de reprendre le chemin de l’école. Si ces réouvertures ont été possibles grâce à l’engagement des équipes municipales et des bénévoles locaux, des difficultés demeurent. Le Recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, précise que « tous les établissements du second degré sont ouverts. » Toutefois, dans le premier degré, la situation reste plus complexe. « Sur 3.023 classes, 250 sont inutilisables et nécessitent de gros travaux« , indique-t-il, soulignant les défis encore à relever.

Pour accueillir ces élèves du premier degré, un système de rotations des classes est toujours opéré. « 90 % des élèves du premier degré ont retrouvé l’école en ayant 24 heures de cours par semaine, mais avec des rotations pour permettre cette reprise. » D’après le Rectorat, des travaux sont toujours en cours pour améliorer l’accueil du personnel et des élèves au sein de ces établissements et 25 classes du premier degré ont été réhabilitées durant les dernières vacances scolaires. « Nous devrions récupérer quelques salles prochainement sur Vahibé », précise le Recteur de Mayotte.

Entre improvisation et contraintes 

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La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, plaidait pour la mise en place de tentes climatisées en attendant un plan de reconstruction

Après les dégâts considérables causés par le cyclone, le collège de Chiconi a été au cœur des efforts de réhabilitation. Lors de sa venue sur le territoire, la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, avait annoncé la mise en place de tentes climatisées en attendant un plan de reconstruction. Cependant, la situation reste complexe, comme l’a souligné le Recteur de Mayotte. « La réouverture des écoles s’accompagne de solutions temporaires, mais celles-ci ne sont pas toujours suffisantes« , a-t-il affirmé. Parmi ces solutions, l’installation de classes sous des tentes n’a pas donné les résultats attendus. Le Recteur a expliqué les raisons de cet échec : « L’option des classes sous tente n’a pas fonctionné à cause de l’humidité et de la chaleur excessive. Ce n’est tout simplement pas viable à long terme. » Face à cette situation, le recours aux préfabriqués s’est intensifié, bien que des manques persistent, notamment en termes de climatisation et de ventilation. Aussi, la situation reste particulièrement difficile pour certains élèves. « Environ 1,3 % de nos élèves rencontrent de grosses difficultés, bénéficiant d’une scolarisation réduite sous forme de classes itinérantes à Majicavo et Vahibé« , a précisé le Recteur.

Une course contre la montre pour la future rentrée 

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Le 31 janvier 2025, des agents bâchaient une partie du toit du collège de Chiconi, éventré par le cyclone sous les regards des ministres d’Etat, Elisabeth Borne et Manuel Valls

Malgré les nombreux obstacles, les autorités académiques poursuivent leur mobilisation pour assurer cette activité scolaire dans des conditions acceptables. Le Recteur Jacques Mikulovic souligne que, « les conditions dégradées sont désormais stabilisées » mais qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les infrastructures et l’accueil des élèves. Au sujet des moyens humains, « les professeurs sont là », a déclaré le Recteur, mais les défis demeurent au niveau matériel. « Nous manquons encore de ventilations, de climatisations et d’autres équipements essentiels », précise Jacques Mikulovic. Alors que Mayotte se relève tout juste des ravages du cyclone, la bataille pour une éducation digne montre bien qu’elle n’est pas un jeu d’enfant.

Mathilde Hangard

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