Transport scolaire : « Notre objectif est que tous les bus soient équipés avec des vitres en polycarbonate à la prochaine rentrée scolaire »

Le directeur de Transdev Mayotte, Frédéric Delouye, s’est entretenu avec le JdM pour faire un bilan de l’année 2024, tracer les priorités pour 2025, mais aussi évoquer les caillassages encore trop nombreux.

Des temps de parcours qui ont tendance à se rallonger

Comme le rappelle le patron de Transdev Mayotte, ce sont 300 bus par jour qui transportent 30.000 élèves, « ce qui représente 60.000 voyages par jour. A titre de comparaison c’est en gros 3 fois plus que chez nos voisins à La Réunion ». Afin de respecter au maximum les horaires, une application a été développée en 2024 avec la géolocalisation. « Il y a un GPS dans chaque bus, on les suit en temps réel depuis la salle de contrôle. On peut ainsi mesurer les temps de parcours, adapter les horaires en fonction et ainsi les indiquer aux élèves via l’application installée sur leur téléphone ».

Frédéric Delouye reconnait que les temps de parcours ont tendance à augmenter

Aussi, Frédéric Delouye ne cache pas que malheureusement les temps de parcours ont tendance à se rallonger et admet que les horaires des bus le matin pour emmener les élèves à l’école sont très tôt. « Si on ne commence pas assez tôt, les élèves n’arrivent pas à l’heure, explique-t-il. La solution serait de mettre en place des voies réservées. C’est une idée que nous avons en gestation… mettre une 3e voie centrale réservée aux bus scolaires et aux véhicules prioritaires comme les ambulances, les taxis, dans les zones saturées mais de façon raisonnée. Si on pouvait avoir une voie où l’on puisse rouler ne serait-ce qu’à 20, 15, voire même 10 km/h on serait content, sourit-il. Car à l’heure actuelle le temps de parcours se situe plus aux alentours de 3km/h, c’est moins vite que la marche… ».

Une année scolaire 2023-2024 marquée par des actions de sensibilisation

Afin de faire baisser les tensions autour et dans les bus, Transdev a mis en place un certain nombre d’animations et d’actions de sensibilisation au cours de l’année 2024 notamment. Il y a eu par exemple la chanson et le clip de Naïd ce qui a permis de diminuer les actes d’incivilité à bord des bus de 25 à 30%, selon le directeur de Transdev Mayotte. Il y a aussi le conseil de discipline et le permis de bonne conduite avec des stages composés de 5 à 8 personnes encadrées par des psychologues, la police, des associations… « Cela dure entre 4 et 5 heures. Ce sont des mises en situation d’actes que les élèves ont subis…Ils rejouent les scènes en partageant les rôles ».

En 2024, lors du concours halO’ Respect, le groupe CZMND TARATIBU du LPO de Dembéni avait remporté le prix dans la catégorie lycée

Autres actions menées par Transdev, le concours halO’Respect dans les établissements scolaires ou encore le partenariat avec les réalisateurs du film Koungou afin qu’il soit projeté un peu partout dans l’île à destination des jeunes. « Ce fut un véritable succès ! Nous avions prévu 10 séances et nous en avons fait une vingtaine. L’année scolaire 2023-2024 a été riche en animations ».

Les vitres en polycarbonate en cours d’installation

C’était le grand chantier de la fin de l’année 2024 et ce sera aussi la principale priorité pour 2025 : l’installation des vitres en polycarbonate. Chido étant passé par là leur mise en place a malheureusement pris du retard. « Les premiers bus équipés sont sortis début octobre, l’année dernière. Et ça marche ! Ça protège contre le caillassage ». A l’heure actuelle, seulement 10 à 15% de la flotte est équipée. « Nous avions prévu d’équiper 50% des bus durant les vacances scolaires de décembre, mais avec le passage de Chido cela a entrainé du retard sur tout, les installations, les livraisons… car ce n’était pas considéré comme du fret prioritaire contrairement à tout ce qui était alimentaire… Aussi notre objectif est que tous les bus soient équipés de vitres en polycarbonate à la prochaine rentrée scolaire, au mois d’août 2025 ».

Le caillassage, un véritable fléau

Entre août et décembre 2024, 341 caillassages ont été comptabilisés ce qui représente une moyenne de 4,2/jour. Depuis le 1er janvier et jusqu’au 27 février 2025, il y a eu 112 caillassages, soit 3,86/j. Durant la semaine dernière plusieurs droits de retrait des conducteurs de bus scolaires ont été exercés suite à de nombreux caillassages, dont notamment vendredi dernier qui ont fait un blessé grave. Pour Frédéric Delouye, « c’est un véritable problème. Malgré les mesures et les actions que nous mettons en place le mal est profond… ».

Les vitres explosées par des jets de pierre avant les vacances scolaires (illustration)

Il y a eu ces derniers temps une intensification de ces actes de malveillance puisqu’on en a dénombré 18 dans la même journée, le lundi 24 février. « 9 le matin et 9 l’après-midi, ce qui représente 16% des caillassages sur la période du mois de janvier et de février, et 2 conducteurs ont été blessés engendrant un droit de retrait », indique Frédéric Delouye. Par ailleurs, sur les 112 caillassages recensés ces deux derniers mois, 5 villages représentent à eux-seuls 50% de ces actes (Tsoundzou, Koungou, Combani, Kahani et Tsararano). Petite pointe d’optimiste pour le directeur de Transdev, deux caillasseurs ont été jugés en comparution immédiate la semaine dernière et l’un d’eux a écopé de 12 mois de prison avec sursis et de 4.700 euros d’amende.

B.J.

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