C’est dans le cadre paradisiaque et verdoyant de l’hôtel Sakouli, que se déroule toute cette semaine le tout premier séminaire dédié à la perte d’autonomie des personnes âgées et les risques physiologiques et psychologiques liés à leur isolement.
Une centaine de personnes entremêlant étudiants, représentants d’institutions et d’associations, professionnels de la Santé, maires, élus, responsables d’établissements publics autonomes, particuliers actifs ou bien même retraités, est attendue tout au long de ces 5 jours qui mettent à l’honneur une population fragile bien trop souvent mise à l’écart.
Les ’’vieux os’’ se cachent pour mourir…
Calembour qui peut apparaitre ô combien cynique pourtant la réalité des faits est bien plus parlante notamment au regard de notre 101ème département français où la jeunesse, qu’elle soit ou non isolée, est systématiquement mise en avant. Mais qu’en est-il des personnes âgées? Qu’en est-il de nos seniors mahorais? L’engament du milieu associatif et des CCAS (centres communaux d’action sociale) est incontestable pourtant il demeure un sujet encore tabou et des moyens encore trop limités au regard, paradoxalement, d’une population de plus en plus vieillissante et d’une espérance de vie qui s’allonge. Les modes de vie évoluent indéniablement et l’accès à la vie active à la fois des hommes et des femmes offrent en contre-partie des parents et grands-parents livrés à eux-mêmes et ce, même si ces-derniers habitent sous le toit de leurs enfants pour les plus -chanceux-.
Dans un système où tout se veut de plus en plus rapide ou dématérialisé, nos cocos et bacocos sont mis sur la touche et le constat fait par les professionnels du milieu social dédié aux personnes vulnérables est implacable : « lorsque l’on agit, l’état du senior est déjà bien trop souvent dégradé » confie Saindou Boina Said, directeur de l’association Fahamou Maecha — à l’origine de l’organisation de ce séminaire en collaboration la Fédération Internationale des Associations des Personnes Âgées (FIAPA) et la Fédération Mahoraise des Associations des Personnes Âgées et Retraités (FMAPAR).
Complexité procédurière, lenteur administrative du traitement des dossiers, manque de structures d’accueil, d’effectif et/ou de personnel qualifié, logement peu ou pas adapté… Autant de raisons qui illustrent le colossal chantier qu’il est indispensable de mettre en place et ce, bien avant l’horizon 2035. À cela s’ajoute une approche beaucoup plus psychologique qui tend au mutisme et à l’isolement du senior. En effet, par peur d’apparaitre ouvertement dégradé ou de déranger, nos ainés, en majorité, préféreront ne rien laisser transparaitre et la magie du fameux « tout va bien » accompagnée d’un grand sourire opèrera… « là est toute l’importance de la prise de conscience, dans l’approche verbale, que nous pouvons avoir auprès des personnes âgées » souligne Pierre-Olivier Lefebvre, délégué général du réseau francophone Villes amies des aînés, apportant durant 2 jours son expertise. « Il ne suffit pas de proposer exclusivement des solutions techniques, il faut aussi agir en conscience avec attention, observation et bienveillance. On évite les phrases du type c’est facile ! C’est pas loin ! C’est pas cher ! Au contraire, on aide l’autre à s’exprimer sans crainte, selon sa propre perception, ses moyens, ses envies. Quel que soit l’âge, chaque personne est unique, tâchons de ne pas l’oublier… ».
Le réseau francophone des villes amies des ainés c’est quoi ?
Représenté en ce début de semaine en la personne précitée de Pierre-Olivier Lefebvre, le réseau Villes amies des aînés est un programme francophone créé en 2012 et affilié à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui concerne aussi bien les régions que les villages, en passant par les communautés de communes et qui a pour but d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Pour ce faire, si le territoire concerné ou la commune, s’engage dans cette démarche qualitative de labellisation Ami des ainés, il se doit d’établir un diagnostique complet de sa zone, d’avoir une démarche participative avec ses habitants (toutes catégories concernant les personnes âgées) et de mettre en place un plan d’action et surtout un suivi concret.
À chaque étape, Villes amies des aînés forme, accompagne et suit la commune concernée. Le but premier de cette démarche est d’anticiper les mauvais effets du vieillissement dans un aspect bien-être, projection mais également économique et sécuritaire. La thématique majeure de ce séminaire se voulant dans l’aspect préventif et le traitement liés aux chutes chez les personnes âgées. Lorsque l’on sait que cela représente la première cause de mortalité accidentelle chez les seniors de plus de 65 ans (10 000 décès annuels recensés pour 2 millions de chutes et plus de 130 000 hospitalisations, selon le Ministère chargé de l’autonomie), nous comprenons l’importance de la prise de conscience des municipalités. « J’avoue honnêtement faire partie de ces élus qui priorisaient exclusivement la jeunesse et les aménagement en conséquence au sein de notre commune. Ce séminaire m’offre l’opportunité de traiter différents aspects d’un sujet que je ne maitrise pas encore mais pour lequel je me ferai le rapporteur auprès des responsables des différents autres services de notre municipalité » confesse Ambida Madi, élue dédiée à l’urbanisme et la circulation au sein de la Mairie de Ouangani.
Fonds d’appui pour des territoires innovants seniors
Encadrés par le ministère chargé de l’autonomie, la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et le réseau francophone des Villes amies des ainés, ces fonds évalués à près de 8 millions d’euros visent à financer des projets d’adaptation de territoires au regard du vieillissement de la population. A l’heure actuelle, plus de 200 projets sont pécuniairement soutenus en France. Pour résumer brièvement, il existe 2 axes distincts offrant au porteur de projet accès à une bourse soit de 6 000 euros, soit de 10 000 euros. Les prochaines échéances de modalité de dépôt de dossier auront lieu les 7 avril et 15 octobre 2023 prochains (plus d’infos en cliquant ici).
Des unités de vie
Au nombre de 3, ces « micro Ehpad » comme aime à l’indiquer Alain Koskas — président de la Fédération Internationale des Associations de Personnes Âgées (FIAPA) — devraient être effectifs d’ici 4 à 5 mois. Un en Petite-Terre et les suivants situés au nord et au sud de notre île. Le département prévoit au final 5 unités de ce type offrant aux personnes âgées et isolées une approche médicalisée mais aussi une place d’hébergement temporaire, du répit et du personnel qualifié pour la prise en charge de ces dernières. La capacité d’accueil de ces unités comptera entre 4 et 5 lits par établissement permettant ainsi aux ainés de leur offrir aménagement sécuritaire, autonomie et quiétude en une sorte de petit studio.
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