« Le fait même que le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ait passé le 31 décembre au côté des forces de l’ordre, qu’il ait médaillé nos collègues c’est une première, en termes de considération on ne peut pas rêver mieux en tant que policiers ». Bacar Attoumani n’a pas manqué de souligner le caractère hautement symbolique du déplacement du ministre.
La pierre angulaire, l’attractivité du 101e département
Cette démarche ne pouvait être qu’appréciée d’autant que le week-end a permis aux syndicalistes d’engager une discussion profitable pour faire avancer un certain nombre de dossiers. Tel pourrait être, en somme, le résumé de la réunion de ce week-end qui s’est tenue avec le chargé de communication du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et les représentants du bloc de syndicats Alliance Police 976 et UNSA. « Il y a eu confirmation d’une discussion engagée avec le ministère concernant l’attractivité de Mayotte », note Bacar Attoumani, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police 976. Un point essentiel, surtout « pour recruter et faire venir des familles ».
S’il n’y a pas eu de garantie ni de délai, la rencontre aura également permis d’enclencher une discussion sur la question de la majoration salariale pour « les jeunes policiers recrutés sous le volet des contrats », informe le secrétaire départemental. Face aux retards administratifs concernant le paiement des attestations de blessures en service, ou encore au niveau des ressources humaines avec les renouvellements de contrat, Bacar Attoumani fait savoir que des discussions sont en cours « pour prendre tout le volet RH au sein de la Direction territoriale de la Police nationale pour qu’il ne soit plus gérer par les services de soutien de la préfecture à Mayotte ». Il poursuit : « cela nous permettrait d’avoir plus de visibilité et peut-être d’aller un peu plus vite dans la régularisation de la situation des agents ». Un élément essentiel pour lutter contre « la démotivation » d’une partie des agents telle qu’exposée en août dernier par le syndicaliste.
L’opérationnel pris en compte lors des discussions
Concernant le plan opérationnel, le secrétaire départemental d’Alliance Police 976 se félicite que les discussions aient abordé des projets relatifs à la surveillance des bandes, la cybercriminalité et la lutte contre l’immigration clandestine. « Ce sont des sujets qui vont être pris en charge dans la section des services territoriaux de la police judiciaire », informe-t-il avant de préciser qu’il y a « une division des investigations spécialisées qui va être mise en place à Mayotte, avec une section travaillant sur chacun de ces trois sujets ».
En outre, la pérennisation du détachement du RAID a été saluée puisque s’agissant « quand même d’un gros avantage » sur le terrain. Néanmoins, le syndicaliste espère que par la suite une antenne de l’unité d’élite puisse voir le jour à Mayotte, « le RAID [étant] censé aussi par la suite former des policiers mahorais ».
Pour ce qui est de l’annonce de la création du Groupe interministériel de recherches (GIR), le syndicaliste note qu’il s’agit d’ « une chose si on sait qui dirige et si on le fait vivre ». Selon lui, « s’il n’y a pas de logique de suivi et de contrôle avec des objectifs, cela peut être un échec ». A noter que ce n’est pas la première fois qu’un tel groupe est créé à Mayotte. Un GIR avait déjà été créé dans les années 2000 et dissous suite à l’affaire Roukia.
Néanmoins pour Bacar Attoumani, une chose est sûre, « nous surveillerons le bilan par la suite car il ne faudrait pas que l’on réclame aux policiers de se charger de la viabilité de cette structure ». Pour lui, si avancées il y a, tient-il à souligner, c’est aussi « parce que le dialogue social est respecté avec le DTPN actuel ». Cette subtile alchimie n’attend répondre qu’à un seul objectif, conclut-il : « satisfaire les mahorais dans leurs exigences de sécurité et de liberté en maintenant les effectifs de la DTPN976 motivé et engagé dans le respect des règles ».
Pierre Mouysset