À Pamandzi, le poumon administratif tourne au ralenti. Portails enchaînés, personnel empêché, chantiers gelés : depuis deux semaines, un bras de fer oppose trois agents grévistes du CCAS, rejoints par quelques soutiens extérieurs, au maire, qui dénonce une « prise d’otage » de la commune dans un communiqué transmis ce vendredi 21 novembre 2025 et signé de sa main, en promettant des suites judiciaires.
Une mairie cadenassée

Tout s’enlise le 6 novembre 2025, lorsque le maire alerte la population : l’entrée de l’Hôtel de Ville était bloquée par « un groupe de personnes parmi lesquels 3 sur 14 agents du CCAS de Pamandzi et d’autres personnes extérieures aux services municipaux », mentionne le communiqué. Résultat, selon l’édile : impossible pour le personnel de travailler, impossible pour les habitants d’accéder au service public.
Quinze jours plus tard, rien n’a changé. Pire : « ces mêmes personnes bloquent toujours l’accès à la mairie, mais aussi, ils ont enchainé le portail du CCAS », empêchant les autres agents d’y travailler. Le blocage s’est donc durci, touchant directement les services sociaux de la commune.
Une médiation qui cale
Le maire déroule ensuite, presque comme une preuve, les tentatives d’apaisement engagées depuis plusieurs semaines. Une première réunion a eu lieu le 14 octobre dernier, animée par l’adjointe à la politique sociale et « en présence du directeur de cabinet ». Puis une seconde, « le 7 novembre 2025 à la bibliothèque municipale », en tête-à-tête avec les « 3 agents grévistes du CCAS », accompagnés du syndicat CFDT Interco.
À l’issue de cette rencontre, le maire affirme avoir mis sur la table des concessions précises. Il se dit prêt à procéder au « paiement du salaire de septembre », mais « sous réserve de la reprise de travail des 3 agents concernés et de la signature, à compter de leur reprise, de la feuille d’émargement ». Il propose aussi l’ « attribution d’une indemnité forfaitaire valant prime Chido » pour les agents mobilisés pendant le cyclone et la tempête Dikeledi, une prime non versée par « l’équipe de direction précédente », précise-t-il. Mais ces propositions, insiste-t-il, « restent sans suite de la part des agents grévistes et du syndicat CFDT interco ». Le dialogue est au point mort.
« Prise d’otage » et passage en force légal

La note devient plus alarmante au fil des lignes. Le maire dresse un inventaire des dégâts : « rupture de la continuité du service public », « absence de service rendu aux administrés », sans compter les retards qui s’accumulent en cascade. Les projets de construction, dont le T18 en remplacement de l’école Pamandzi 2, stagnent. Les travaux de voirie et de caniveaux n’avancent plus, au moment même où « la saison des pluies arrive à grands pas ». Les aménagements de l’AJP et de la place Congrès sont figés, tout comme les « paiements des entreprises et des salaires des agents ».
Face à ce qu’il qualifie frontalement de « prise d’otage de l’Hôtel de Ville et du CCAS », le maire de la commune annonce un « dépôt de plainte à l’encontre des 3 agents du CCAS qui sont à l’origine de ce blocage » et demande la « libération par tous les moyens légaux de l’accès de l’Hôtel de Ville et du CCAS ». L’objectif, martèle-t-il, est de permettre aux habitants « de pouvoir réaliser leurs démarches administratives », aux agents municipaux « de pouvoir travailler », et à la commune de reprendre ses projets suspendus.
Mathilde Hangard


