Discutons des dangers naturels ! Lancement de l’opération à Chirongui

Vendredi 10 octobre, l’Association Française pour la Prévention des Catastrophes Naturelles et Technologiques (AFPCNT) a entamé son tour de Mayotte afin de sensibiliser petits et grands aux risques naturels, nombreux dans notre île. Un village d’animateurs va se déplacer dans trois autres endroits d’ici au 13 décembre prochain.

Vendredi dernier, 240 élèves de CM2 et de 6e de la commune de Chirongui ont été les premiers bénéficiaires des ateliers de sensibilisation aux risques naturels animés par une demi-douzaine d’associations et d’institutions.

Sensibiliser le plus grand nombre aux risques naturels

“Namje rilagwe zi hatwari ! Ensemble, soyons prêts ! est un évènement proposé depuis la fin 2022 par l’AFPCNT, nous indique Céline Le Flour, chargée de mission de cette association. “Notre ambition est de sensibiliser la population aux risques naturels que sont les tremblements de terre, les glissements de terrains, les cyclones, les submersions… Nous nous adressons en priorité aux enfants car ils vont grandir et sont les relais auprès de leurs familles”.

Co organisé avec la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement et de la Mer de Mayotte (DEALM), le village itinérant se déplace dans le département afin de mieux toucher ses habitants. Chacune des quatre étapes dure deux jours avec, la première journée, l’accueil des scolaires et, la seconde journée, l’accueil du grand public.

Dans la cour de l’école publique de Mramadoudou, les élèves de Chirongui ont suivi et participé à des ateliers d’un quart heure proposés par les agents de l’AFPCNT, de la DEALM et aussi du MuMA (musée de Mayotte), du CAUE (Conseils d’architecture d’urbanisme et environnement), du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) et l’Association Mangrove environnement (AME) de Tsimkoura. Ces ateliers reposent sur des explications de supports variés (cartes, plans, images mentales, photographies d’aujourd’hui et d’hier…) et l’apprentissage d’un vocabulaire adapté aux risques, à l’architecture et à l’environnement. Le grand public aura aussi pu compter sur la présence, le samedi, de la Croix-Rouge, des Naturalistes de Mayotte et de l’Université.

Prendre conscience des dangers

“Le mois d’octobre n’a pas été choisi par hasard, ajoute Hedia Jelassi, référente bénévole de l’AFPCNT, car c’est le mois de la résilience, c’est le mois qui annonce, à Mayotte, la saison cyclonique et donc la nécessité d’anticiper les risques”. Y a-t-il une prise de conscience des dangers naturels, chez nous ? Céline Le Flour nous démontre que oui. “L’an passé, seule une commune avait répondu à notre appel et nous avons pu sensibiliser la population de Mtsamboro. Après Chido, cette année, quatre communes ont souhaité accueillir notre Village. Nous les remercions de leur ouverture et de l’aide matérielle qu’elles nous apportent ».

En effet, les différents animateurs présents sous les barnums de Chirongui s’accordaient sur ce point : sans le relai sur place, sans la collaboration des habitants, leur travail demeure incomplet. Marion Courtois, ingénieure d’études sanitaires à l’ARS, a œuvré dans la cellule de crise après Chido. Le travail de la cellule n’a pas remplacé le contact direct avec les différents partenaires locaux et leurs sinistrés. Elle s’est déplacée dans le territoire. Depuis, elle capte bénévolement la parole des personnes ayant subi Chido et Dikeledi afin que leurs conseils, leur mémoire puissent servir à éveiller les consciences quant aux risques naturels à venir : quels sont les gestes nécessaires, les objets pour se prémunir des accidents, des pénuries ?

Les élèves de Chirongui ont pu exprimer leurs souvenirs de Chido et les conseils pour faire face à ce genre de catastrophes. Ils en étaient ravis. Les premiers enregistrements de Marion Courtois sont publiés dans YouTube (Bibliothèque des mémoires).

Bastien Hervy, ingénieur en risques naturels au BRGM, expose à des élèves du collège Marcel-Henry les phénomènes volcaniques au large de Mayotte

Bastien Hervy, ingénieur en risques naturels au BRGM, note que “la vulgarisation des données scientifiques prend une place de plus en plus importante dans nos métiers. Développer la culture du risque est nécessaire. Mais elle demande une réflexion sur nos connaissances et la manière de les partager. Cette journée avec les enfants a aussi été intéressante dans ce sens-là : elle m’apprend à mieux vulgariser ce que je connais”.

Les élèves du collège Marcel-Henry ont été sensibilisés, grâce à des crêpes, aux risques de fringale un après-midi de veille de vacances. Ils sont ravis de ces trois heures d’échanges, sur des sujets qu’ils n’abordent pas tous les jours et encore moins avec des spécialistes. Tachirifa Msa, professeure de SVT du collège Marcel-Henry, a “vu tout l’intérêt de faire venir dans une prochaine édition les élèves de 4e et de 3e. Ces ateliers ont des liens directs avec le programme que nous étudions. Ils nous permettent d’aller plus loin dans leur étude et de faire le lien avec la vie de tous les jours”.

Justement, l’AFPCNT travaille à ce sujet avec un lycée afin d’ouvrir, l’an prochain, son Village de sensibilisation aux risques naturels à un plus large public scolaire.

 

Pour rencontrer ces professionnels passionnés par le partage de connaissances et soucieux du bien commun, trois rendez-vous sont proposés :

– Mtsamboro les 14 et 15 novembre.

– Chiconi le 30 novembre et le 1er décembre.

– Petite-Terre les 12 et 13 décembre.

https://afpcnt.org/

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