Dans l’océan Indien les vents de changement se lèvent, tandis qu’au Proche-Orient les premières pages d’une paix encore incertaine s’écrivent. À Madagascar, l’armée s’invite dans la crise politique. Aux Seychelles, un nouveau président promet un virage social et diplomatique. Au Cameroun, Paul Biya joue une nouvelle fois sa survie politique. Et en Égypte, un sommet pour la paix à Gaza tente de transformer la libération d’otages en processus durable. Un tour d’horizon d’un monde en mutation, vu depuis Mayotte, carrefour entre Afrique, monde arabe et océan Indien.
Madagascar : l’armée avance, Rajoelina exfiltré par la France

Crise ouverte à Antananarivo. Plus de deux semaines après le début des manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité, le président Andry Rajoelina a été exfiltré samedi 12 octobre par un avion militaire français, selon nos confrères de RFI. L’opération, validée par Emmanuel Macron, aurait été menée « pour des raisons de sécurité », assure Paris, qui jure ne pas s’ingérer dans la crise.
Depuis le 25 septembre, la rue réclame le départ du chef de l’État. Le mouvement, lancé par le collectif Gen Z, a fait 22 morts et plus d’une centaine de blessés, selon l’ONU. Une partie du CAPSAT, unité clé de l’armée malgache, a rejoint les manifestants, accélérant une possible chute du régime.
Le général Démosthène Pikulas prend la tête des forces armées, tandis que Deramasinjaka Rakotoarivelo devient ministre de la Défense. L’armée reprend la main, mais le pays reste au bord de l’implosion.
Patrick Herminie, nouveau visage du pouvoir seychellois

Après cinq ans d’opposition, Patrick Herminie, 62 ans, remporte la présidentielle avec 52,7 % des voix, redonnant à son parti United Seychelles (US) les rênes du pouvoir. Herminie a promis de « faire baisser le coût de la vie et relancer le service public », se présentant comme « le président de tous les Seychellois ».
Médecin de formation et ancien directeur de l’agence antidrogue, Herminie avait été inculpé en 2023 pour « sorcellerie », accusations qu’il avait qualifiées de « politiques » et qui ont été levées quelques mois plus tard. Sa victoire reflète aussi un contexte social tendu : la consommation d’héroïne, estimée entre 5.000 et 10.000 personnes, et la polémique autour de l’île d’Assomption, cédée pour 70 ans à un promoteur qatari, ont joué un rôle dans le vote. Herminie a promis d’annuler cet accord, dénonçant une « ingérence » étrangère.
Au Cameroun, Paul Biya s’accroche au pouvoir

Au Cameroun, les électeurs ont voté ce week-end dans un climat tendu. Le président Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat, soutenu par un appareil d’État solidement acquis à sa cause. À l’image de certains régimes autoritaires, il exerce un pouvoir vertical et centralisé. Ses opposants, notamment ceux du mouvement « Biya doit partir », ont disparu de la scène politique : certains ont été expulsés, d’autres emprisonnés, tandis que le président continue de marquer sa présence par un silence imposant.
Au pouvoir depuis 43 ans, une grande partie des Camerounais n’a connu que Biya comme président. Malgré la probabilité d’une victoire acquise d’avance, les profondes fractures du pays et la lassitude d’une jeunesse en quête de changement rendent l’avenir incertain. Entre stabilité apparente et tensions latentes, le Cameroun s’avance vers un horizon où l’après-Biya demeure plus que jamais indéterminé.
Israël-Palestine, l’échange d’otages relance l’espoir d’une paix fragile
Ce lundi 13 octobre 2025, les 20 derniers otages israéliens détenus par le Hamas à Gaza ont été remis à la Croix-Rouge et sont rentrés en Israël. Les corps de 28 autres, tués lors de l’attaque du 7 octobre 2023, ont également suivi. En échange, Israël libère 1.718 prisonniers palestiniens, dans le cadre d’un cessez-le-feu négocié sous médiation égyptienne, qatarie et américaine.

Ce geste humanitaire ouvre la voie à un sommet historique à Charm el-Cheikh, en Égypte, coprésidé par Donald Trump et Abdel Fattah al-Sissi, réunissant plus de 20 dirigeants internationaux, dont Emmanuel Macron. Objectif : poser les bases d’une paix durable à Gaza. Reconstruction, sécurité, gouvernance. Trump, artisan principal de l’accord, suscite autant d’admiration que d’interrogations quant à ses ambitions et à la pérennité de l’accord.
Aussi, malgré ce répit, les tensions internes à Gaza demeurent vives. Le Hamas, affaibli par les frappes israéliennes, mène une purge ciblant clans rivaux, milices dissidentes et collaborateurs présumés, accentuant fractures sociales et politiques dans une enclave dévastée. La reconstruction reste un défi colossal : infrastructures détruites, services publics inexistants et sécurité fragile. L’ONU prévoit l’envoi de 600 camions d’aide par jour, mais la communauté internationale devra veiller à ce que la paix ne soit pas qu’un répit dans un cycle de violences récurrentes.
Mathilde Hangard