« Des feux d’une importance inégalée » : les Naturalistes de Mayotte alertent les autorités

Face à une vague d’incendies sans précédent, l’association des Naturalistes de Mayotte presse les autorités d’agir. Elle réclame le renforcement des moyens de prévention et de surveillance, ainsi qu’un rappel ferme de l’interdiction des brûlis.

À Mayotte, les semaines s’enchaînent et se ressemblent pour les pompiers, confrontés à une vague d’incendies qui ne faiblit pas. Jeudi 2 octobre, ils ont dû intervenir à M’tsamboro, Tsoundzou 2 et Ironi Bé pour contenir de vastes feux, contraignant une centaine d’habitants à évacuer et paralysant la route nationale. La veille, les flammes avaient menacé l’axe reliant Passamaïnty à Vahibé. À cela s’ajoutent chaque jour une multitude de départs de feux, visibles depuis les routes par leurs colonnes de fumée, et dont on redoute l’extension.

Des centaines d’hectares réduits en cendres

Les pompiers ont du mal à  accéder aux foyers et les moyens aériens sont toujours inexistants.

Depuis le début de la saison sèche, plus de 100 hectares ont déjà été réduits en cendres, selon le colonel Patrick Clerc, directeur du SDIS de Mayotte. Un chiffre probablement sous-évalué, faute de moyens aériens pour mesurer précisément les surfaces touchées et intervenir efficacement. Les conséquences du cyclone Chido compliquent encore la situation : les branches et arbres tombés servent de combustible et obstruent l’accès aux zones en flammes, tandis que le vent favorise la propagation rapide des incendies.

Si l’origine des feux reste parfois indéterminée, la pratique du brûlis est fréquemment pointée du doigt. Bien qu’interdite entre juin et décembre, elle perdure et fragilise davantage des milieux déjà affaiblis par le cyclone. Les forêts, essentielles à l’alimentation et à l’approvisionnement en eau de l’île, se trouvent ainsi gravement menacées.

Le 22 septembre, l’association des Naturalistes de Mayotte a adressé un courrier à la préfecture pour alerter sur l’ampleur inédite des feux cette année. « Chaque année le territoire doit faire face à des feux de végétation en saison sèche. Cette année ils ont pris une importance inégalée. Avec des sautes de vent dépassant parfois les 40 km/h, des brûlis mal maitrisés se transforment en incendies, affectant les zones voisines, y compris des espaces protégés ».

Mobiliser tous les moyens possibles pour enrayer l’engrenage

La pratique des brûlis est interdite de juin à décembre, rappellent les Naturalistes. Faute de moyens, les responsables sont rarement arrêtés.

Dans sa lettre, l’association avait proposé plusieurs pistes pour enrayer les incendies, mais face à une situation qui continue de se dégrader, elle réaffirme ce 3 octobre la nécessité de mobiliser tous les moyens disponibles afin d’enrayer l’engrenage.

Les Naturalistes recommandent ainsi de renforcer la prévention en rappelant fermement l’interdiction des brûlis jusqu’en décembre, d’améliorer la coordination entre les acteurs de terrain – pompiers, gendarmes et gestionnaires d’espaces naturels – et de leur donner davantage de moyens humains et matériels pour assurer la surveillance et l’intervention, notamment grâce à l’utilisation de drones. Ils suggèrent également la création d’un numéro d’appel dédié pour signaler rapidement les départs de feu et estiment qu’à terme, un hélicoptère bombardier d’eau serait un atout majeur pour le SDIS et pour le territoire.

« Le nombre de départs de feu est tellement important que la seule mobilisation de l’OFB ne suffit pas. La gendarmerie et les polices environnementales intercommunales pourraient renforcer les capacités d’interpellation des auteurs de brûlis et d’incendies », souligne l’association, qui insiste sur deux points essentiels : « la mobilisation des forces de l’ordre pour poursuivre les responsables de départs de feu et, d’autre part, une annonce publique forte pour rappeler l’interdiction des brûlis ».

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