Au cours de cette réunion, les membres du Conseil de gestion ont notamment pris connaissance du compte-rendu des activités menées par le bureau et les commissions. Mais les 46 membres du Conseil ont surtout discuté des futures orientations stratégiques pour l’avenir du Parc naturel et ont abordé le sujet du développement de la filière pêche dans le 101e département.
Développer la pêche à Mayotte
Le président du Conseil de Gestion Parc naturel marin de Mayotte, Abdou Dahalani, n’a pas caché son ambition de promouvoir la filière pêche sur notre territoire. « Développer la pêche à Mayotte est l’une des vocations du Parc, nous-a-t-il dit. Le problème c’est que Mayotte en tant que RUP est sujette à la politique de pêche de l’Union européenne… Nous subissons les réglementations et les accords européens ce qui a un impact sur la pêche à Mayotte, alors qu’un peu plus loin, aux Seychelles, ils pratiquent la pêche thonière sans restrictions ».
Le président du Parc souhaite faire pression auprès des politiques et des différents acteurs à la fois nationaux mais aussi européens pour débloquer des crédits et des fonds envers les pêcheurs mahorais. « Si on veut équiper nos pêcheurs nous avons besoin de données, de la data, pour les transmettre à l’Europe et montrer qu’il n’y a pas de surpêche dans nos eaux pour que l’UE nous accorde une dérogation. Le travail de collecte de données fait aussi partie du travail que mène le parc. Nous devons alimenter la base de données pour faire pression au niveau européen. Nos pêcheurs ont le sentiment de ne pas être écoutés ni accompagnés… Aussi, une des décisions que nous avons prise aujourd’hui est de mobiliser l’ensemble des acteurs de la filière, les politiques, d’aller à Paris, là où se prennent les décisions, pour faire avancer le développement de la filière pêche, ici à Mayotte. C’est aussi le rôle du parc ».
Le bilan du passage de Chido et la gestion des déchets
Autre thématique abordée durant ce Conseil de Gestion fut les conséquences du passage de Chido sur les coraux et la mangrove, mais aussi l’accumulation de milliers de tonnes de déchets ayant eu un fort impact sur la biodiversité marine. Selon Annabelle Djeribi, directrice du Parc naturel marin, environ 80% de la mangrove a été défoliée suite au passage du cyclone, « notamment les palétuviers qui ont été les plus touchés ». Et 66% des coraux sont morts en l’espace de deux ans, de 2023 à 2025. « Pour ces derniers, c’est la conjugaison du réchauffement climatique (de la température de l’eau), et le passage du cyclone Chido. C’est énorme ! ». Aussi, pour que le corail se régénère il faudrait baisser la pression anthropique sur ce milieu… et les habitants de l’île au lagon pourraient jouer un rôle, notamment en diminuant la circulation automobile mais aussi et surtout en baissant drastiquement la pollution et le rejet des déchets dans le lagon afin de préserver la qualité de l’eau essentielle à la croissance des coraux. « C’est la responsabilité de tout à chacun. Tout le monde à son rôle à jouer pour éviter la pollution du lagon », insiste Abdou Dahalani.
Fani Maoré, un phénomène d’une richesse exceptionnelle
(photographie d’illustration/MAYOBS – IPGP/CNRS/Ifremer/BRGM)
Au cours de ce Conseil, Carla Scalabrin de l’IFREMER a présenté les premiers résultats de la mission OcéanXplorer qui s’est déroulée durant une semaine en août dernier. Plusieurs relevés de mesures ont été faits sur l’évolution du volcan Fani Maoré ainsi que de nombreuses cartographies avec des données plus pointues et actualisées. Cela a notamment permis de récolter un maximum d’informations scientifiques sur ce milieu. « Elle nous a montré la richesse de cet espace et elle a indiqué que c’était un phénomène qui est assez exceptionnel qui pourrait éventuellement être un atout pour l’inscription et le classement de l’espace maritime de Mayotte à l’Unesco… », nous a confié Annabelle Djeribi.
B.J.
