La MJC de Kawéni a accueilli, vendredi 29 août, le premier forum d’accès aux droits du CCAS de Mamoudzou. Une dizaine de stands sur le logement, la santé, l’énergie, l’alimentation et les aides sociales ont permis aux habitants de s’informer et d’entamer leurs démarches.En ramenant leurs enfants à l’école et en se rendant sur le marché de vêtements, ce vendredi 29 août, les familles de Kawéni se sont arrêtées au forum sur l’accès aux droits organisé par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Mamoudzou.

Installée toute la journée à la MJC, un lieu idéal pour toucher un large public, la rencontre a permis d’aborder des thématiques essentielles comme le logement, la santé, l’énergie, l’alimentation ou les prestations sociales.
Soliha Logement, Action Logement, Cadema Logement, la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte (CSSM), la Croix-Rouge, Mlezi Maore, Amalca, Ouvoijima, l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM), la Direction de l’Autonomie et des Prestations Sociales du Département (DAPS), EDM Solidarité, La Kaz à Services et Assistances 976, ainsi que l’Ordre des Avocats… tous ces stands et leurs représentants étaient mobilisés pour accueillir les familles et les accompagner dans leurs démarches.
Un premier forum pour permettre l’accès aux aides méconnues
« C’est la première fois qu’on organise un tel forum », explique Anziza Daoud, directrice du CCAS de Mamoudzou. « L’initiative est née de plusieurs constats. Par exemple, 21 % des personnes de 60 ans et plus ne réalisent pas les démarches pour accéder à leurs droits, comme la prestation vieillesse. De nombreuses aides restent méconnues, tout comme le bus social qui se déplace dans les villages. Ce forum permet d’aller directement au contact de la population ».

A l’entrée du forum, impossible de passer à côté du stand et surtout du « Handibus » de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). « Les familles viennent nous voir pour en savoir plus sur notre mission, mais certaines sont confrontées au handicap et recherchent de l’aide », souligne Naïma Ali Saïd, agent d’accueil au stand de la MDPH, ravie de guider les personnes sur un sujet encore tabou à Mayotte. « Les gens n’osent pas parler du handicap, que ce soit le leur ou bien celui d’un proche, d’un enfant. Ils ont tendance à cacher la situation par peur d’être jugés », ajoute Naïma, ce qui repousse la question de l’accès aux droits au second plan. « Le problème, c’est que ceux qui demandent de l’aide n’ont pas toujours les moyens de suivre leurs dossiers administratifs. Nous sommes là pour les guider ».
Plus loin, Irchad Ben Said Ali accueille sur le stand de la SIM. Le passage du cyclone Chido en décembre 2024 a augmenté la demande de logements sociaux. « Beaucoup ignorent qu’ils peuvent en bénéficier », précise Irchad. « Nous les aidons à constituer leurs dossiers, à comprendre le loyer et le titre de séjour nécessaires, et à contacter la préfecture ou la Ville, qui positionnent les réservataires. C’est super important qu’ils se renseignent parce que certaines personnes ont déposé des dossiers depuis 5 ans et ne savent pas comment suivre la procédure ».
Déconstruire les idées reçues

Aux deux stands de la Croix-Rouge, des mères de familles viennent récupérer des savons et quelques brochures informatives. L’association, principalement connue pour son action dans l’urgence y présente ces nombreux dispositifs qui accompagnent la population sur la durée comme l’accès à l’eau, à l’alimentation, aux droits en général. Dans un contexte de rentrée scolaire, les questions concernent surtout la scolarisation et la malnutrition infantile. « Depuis Chido, des familles font face à des situations de plus en plus vulnérables, et elles n’ont pas forcément de solutions », confie Mélissa Codiamoutou, cheffe de service à la direction territoriale, « la Croix-Rouge peut apporter ces réponses, et il faut le faire collectivement avec l’ensemble des partenaires ».
Un effort collectif qui est l’esprit de ce forum, car les associations n’hésitent pas à guider les personnes sur les bons stands, comme auprès du Groupement d’Entraide Mutuelle « Vivre Ensemble », qui s’intéresse à la santé mentale. « Chido a mis en avant l’importance d’une bonne santé mentale. C’est un sujet tabou, et il arrive de faire passer ces troubles pour de la sorcellerie alors qu’ils peuvent cacher de vraies maladies », note Joceline Bacar, animatrice psychosociale, qui oriente les personnes vers le Centre Médico-Psychologique ou les locaux de l’association à Cavani et Passamaïnty.

Saifi Boitcha, médiateur santé auprès de l’Association Mahoraise pour la Lutte contre le Cancer (AMALCA), déconstruit, lui aussi, les idées reçues sur le cancer. « Les gens assimilent le cancer à la mort, alors il arrive qu’ils ne se soignent pas. On est là pour leur dire qu’avec une prise en charge rapide il est possible de s’en sortir, d’où l’importance des dépistages », relève-t-il. « On est là pour accompagner et orienter les malades vers les bonnes structures mais aussi pour aider leurs proches à mieux comprendre la situation ».
L’après-midi du forum a été animée par une table ronde rassemblant les professionnels du social afin de réfléchir à la stratégie à mener pour favoriser l’accès aux droits de la population.
« C’est un forum qu’on souhaite pérenniser, cette année c’était Kawéni, l’année prochaine ce sera ailleurs, on veut toucher le plus de population possible », conclut Anziza Daoud.
Victor Diwisch