Trois crânes sakalava restitués à Madagascar par la France

Pour la première fois, des restes humains conservés dans les collections françaises retournent à leur terre d’origine, marquant une étape historique dans l’apaisement des mémoires coloniales.

Mardi 26 août 2025, la France a restitué trois crânes sakalava à Madagascar, conservés depuis plus d’un siècle au Muséum national d’Histoire naturelle. Parmi eux, figure le crâne présumé du roi Toera, exécuté et décapité par les troupes coloniales françaises en 1897. Cette restitution constitue la première application concrète de la loi française de 2023 sur le retour de restes humains à des fins funéraires, et s’inscrit dans une dynamique de coopération culturelle et de reconnaissance des blessures historiques.

Une avancée juridique et scientifique

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La ministre française de la Culture, Rachida Dati, lors de la cérémonie de restitution. (photographie/S.d.S/AFP)

La restitution s’appuie sur la loi n°2023-1251 du 26 décembre 2023, qui déroge au principe d’inaliénabilité des collections publiques, et sur le décret n°2025-309, qui avait fixé un délai d’un an pour le transfert matériel.

Un comité scientifique bilatéral, créé en octobre 2024, a documenté avec précision l’origine des crânes et le contexte historique de violence coloniale dont ils sont issus. Pour la ministre française de la Culture, Rachida Dati, « cet acte symbolique ouvre la voie à d’autres restitutions et participe à l’apaisement des mémoires entre la France et ses partenaires africains ».

Un geste de mémoire et de réconciliation

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La ministre malgache de la Communication et de la Culture, Volamiranty Donna Mara, lors de la cérémonie de restitution (photographie/S.d.S/AFP).

Pour la ministre de la Communication et de la Culture malgache, Volamiranty Donna Mara, ce retour est « un moment de mémoire partagée », permettant au peuple sakalava de retrouver des ancêtres longtemps absents de leur terre.

Les crânes quitteront Paris le 31 août prochain direction Antananarivo, avant une cérémonie rituelle à Belo-sur-Tsiribihina, où le roi Toera sera enfin réuni avec son peuple. Selon les autorités, cette première restitution ouvre une « nouvelle ère de coopération culturelle, scientifique et diplomatique », et pourrait inspirer d’autres demandes de pays marqués par la colonisation.

Mathilde Hangard

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