Après Chido, le Jardin d’Imany reprend vie avec le retour des visiteurs

À Combani, le Jardin d'Imany, réputé pour sa production et sa distillation artisanale d’ylang-ylang, a rouvert ses portes aux visiteurs le 5 juillet, après avoir traversé des mois difficiles suite au cyclone Chido. Le site a fortement souffert, avec des dégâts importants sur ses plantations, ses arbres fruitiers, ses ylangs, ainsi que sur l’abri qui offrait de l’ombre aux visiteurs. Son gérant, Anwar Soumaïla Moeva, compte sur la reprise des visites pour maintenir son activité, malgré une saison écourtée.

« J’attendais ça avec impatience ! », confie Anwar Soumaïla Moeva, à propos de la réouverture au public, le 5 juillet dernier, du « Jardin d’Imany », son exploitation agricole familiale, reconnue pour la production et la distillation artisanale d’ylang-ylang.

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Les journées d’immersion au Jardin ont repris le 5 juillet dernier. Les visiteurs ont pu récolter puis distiller les fleurs ylang-ylang, pour faire de l’huile essentielle. (DR Anwar Soumaïla Moeva)

Sept mois après le passage du cyclone Chido, qui a détruit une grande partie de son site, le producteur et distilleur d’ylang-ylang est heureux de pouvoir enfin accueillir des visiteurs. « Depuis avril, j’ai reçu beaucoup d’appels. Les gens me demandaient quand j’allais rouvrir, et je ne savais pas quoi leur répondre », se rappelle Anwar Soumaïla.

« J’ai perdu entre 30 et 35% des ylangs »

Lorsqu’il retourne sur son exploitation après le cyclone, l’homme de 39 ans fait face à un paysage dévasté, méconnaissable. Les arbres fruitiers sont à terre tout comme une partie des ylangs. Le hangar, essentiel à l’exploitation, qui protégeait des rayons du soleil et des averses, a disparu, soufflé par le vent.

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Chido a fait tomber les arbres de la plantation, et détruit le hangar essentiel à l’exploitation. (DR Anwar Soumaïla Moeva)

« J’ai perdu entre 30 et 35 % des ylangs, et ceux qui tiennent encore debout ont été fortement défoliés. Ce n’est qu’en ce mois de juillet qu’ils commencent à refleurir, mais pas suffisamment pour assurer une véritable production d’huile essentielle », remarque Anwar Soumaïla.

Au lieu de récolter les fruits mûris pendant la saison des pluies, comme il en a l’habitude, Anwar Soumaïla a dû consacrer le début de l’année à élaguer, couper, replanter et reconstruire.

Face à l’attente prolongée des aides aux agriculteurs, il a lancé une cagnotte en ligne, qui lui a permis de réunir 5.000 euros, un soutien non négligeable, mais encore bien insuffisant au regard de ses besoins. « J’ai déposé un dossier de demande de subventions auprès du Conseil départemental et j’attends toujours les aides de l’État. J’évalue les dégâts à 60.000 euros », précise-t-il.

Un foyer de biodiversité et de culture sur 19 hectares

Avec les pertes subies et l’arrivée de la saison sèche, il devenait indispensable, pour assurer la survie de son exploitation, de relancer les journées d’immersion au Jardin, consacrées à la découverte de la culture mahoraise et du patrimoine de Mayotte.

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Sur ses 19 hectares, le Jardin d’Imany permet de découvrir la diversité des arbres fruitiers de Mayotte tout en s’imprégnant des parfums des épices locales. Il faudra du temps pour que la nature retrouve toute sa splendeur. (DR Anwar Soumaïla Moeva)

Depuis qu’il a repris en 2018 l’exploitation de son grand-père décédé, Anwar Soumaïla a transformé le Jardin d’Imany en un véritable sanctuaire de biodiversité et de culture, s’étendant sur plus de 19 hectares. On y trouve des passiflores chargées de fruits de la passion, des ananas, des manguiers, des bananiers, des cocotiers ou encore des litchiers, le tout baigné par les senteurs d’épices telles que le poivre, le clou de girofle ou l’huile de coco. Mais ce que viennent surtout admirer et manipuler les visiteurs, c’est la fleur d’ylang-ylang, symbole emblématique de Mayotte, prisée en parfumerie et utilisée dans de nombreuses traditions culturelles et médicinales à travers le monde.

« Le but du jardin est de faire découvrir aux visiteurs le patrimoine de Mayotte à travers des journées immersion complètes », explique Anwar Soumaïla. « La journée commence à 9 h avec un petit-déjeuner traditionnel, puis on propose des activités pratiques comme le tressage de feuilles de cocotier pour fabriquer des paniers. Ces mêmes paniers seront ensuite utilisés pour récolter les fleurs d’ylang-ylang, qui seront déposées dans une cuve pour lancer la distillation. L’après-midi est consacré à la découverte des autres plantes, et parfums, et la visite se termine par l’extraction de l’huile essentielle d’ylang ».

L’agrotourisme, un revenu devenu indispensable

« La production agricole seule n’est pas rentable à cause des vols », constate Anwar Soumaïla, avec une pointe de résignation. Bananes, maniocs et autres fruits ou légumes, chaque saison, une partie de ses récoltes disparaît, dérobée directement sur ses parcelles. « L’agrotourisme, avec les différents événements et les visites immersives, me garantit un revenu indispensable. Cette activité est d’autant plus essentielle cette année, avec une saison réduite à cinq mois », souligne-t-il.

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L’agrotourisme est désormais indispensable pour l’exploitation d’Anwar Soumaïla, qui subit chaque année des vols de récoltes. (DR Anwar Soumaïla Moeva)

Pour celles et ceux qui souhaitent visiter le Jardin d’Imany, découvrir la production ainsi que la distillation d’ylang-ylang, et ainsi aider Anwar Soumaïla et sa famille, le tarif de la journée est fixé à 60 euros pour les plus de 11 ans, 30 euros pour les enfants de 6 à 11 ans, et gratuit pour les plus petits. La prochaine visite est prévue le 27 juillet prochain, et Anwar Soumaïla va également organiser une journée de plantation d’ananas. Plus d’informations sont à venir sur les réseaux sociaux de l’exploitation.

« Mayotte se relève tant bien que mal, et chaque coup de main pour nous soutenir est précieux », affirme Anwar Soumaïla. « Certes, le territoire a été durement touché, mais il est temps de redécouvrir ses richesses et de retrouver le Mayotte que nous aimons ».

Victor Diwisch

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