Université de Mayotte : une éviction électorale fait polémique

Dans un communiqué daté du 2 juin 2025, l’Union Étudiante de Mayotte conteste l’exclusion de sa liste du processus électoral de l’INU, dénonçant une « tentative d’exclusion » et un « déni démocratique ».

Le 2 juin 2025, l’Institut National Universitaire (INU) de Mayotte a officiellement déclaré l’irrecevabilité de la liste « L’Âge d’Or des Jeunes Mahorais – Union Étudiante Mahoraise » aux élections réorganisées du Conseil d’Administration. Cette décision intervient après l’annulation préalable du scrutin par la Commission de Contrôle des Opérations Électorales (CCOE) pour des motifs qualifiés de « graves manquements au cadre électoral : harcèlement, vices de procédure, pressions diverses ».

L’Union Étudiante critique cette sanction qui repose, selon elle, sur « des considérations formelles relevant d’un légicentrisme exacerbé » et alerte sur les risques que cela fait peser sur « l’impartialité et la cohérence des instances de gouvernance universitaire ». Elle dénonce ainsi une « dynamique préoccupante de marginalisation systémique d’une organisation étudiante indépendante, porteuse d’un contre-discours structuré et représentatif ».

Un traitement inégal des candidats au cœur des reproches

Le communiqué met en lumière ce qu’il qualifie de « caractère sélectif de l’interprétation juridique appliquée ici ». Tandis que la liste de l’Union Étudiante est écartée pour des « irrégularités procédurales », un autre candidat, issu d’un groupe dissident, bénéficie d’une « tolérance inexplicable » malgré « quatre années consécutives de redoublement en violation manifeste des délibérations du Conseil d’Administration ».

D’après le communiqué, ce candidat ferait l’objet « de plusieurs témoignages d’étudiantes dénonçant des comportements portant atteinte à leur dignité », faits qui « n’ont pourtant donné lieu à aucune mesure de précaution ou de mise à distance, dans un climat d’opacité décisionnelle notoire ». L’Union Étudiante estime ainsi qu’il ne s’agit pas d’un « simple excès de zèle réglementaire, mais bien d’un dévoiement du cadre juridique au détriment de la représentativité étudiante authentique ».

Une critique plus large du fonctionnement institutionnel à Mayotte

Au-delà de la seule contestation électorale, l’Union Étudiante critique une tendance à « empêcher l’émergence d’une voix critique, étudiante, construite et résolument tournée vers l’intérêt général ». Elle dénonce une « confiscation organisée du processus démocratique étudiant » et questionne la transformation du CUFR en INU en 2023, qu’elle qualifie de « stratégie plus vaste de recentralisation des pouvoirs et de neutralisation des contre-pouvoirs étudiants », réalisée « dans une opacité totale, sans concertation ni consultation étudiante, ni alignement réel sur les besoins du territoire ».

Le communiqué décrit également une situation universitaire marquée par « une capacité d’accueil dramatiquement inférieure à la demande locale », « l’absence complète de logements étudiants », une « offre de formation extrêmement réduite », une « pénurie structurelle d’enseignants, d’ingénieurs, de professionnels de santé » ainsi qu’« une hémorragie constante des bacheliers, contraints de quitter Mayotte par absence d’opportunités ». Face à ces constats, l’Union Étudiante appelle à « une rupture claire, urgente et constructive » qui permette de répondre aux besoins spécifiques des étudiants mahorais.

L’Union Étudiante de Mayotte conclut en appelant à « une mobilisation étudiante large, éclairée, déterminée et non-violente » afin de « refuser cette mascarade démocratique, dénoncer cette gestion partiale, et défendre le droit inaliénable des étudiants mahorais à être entendus, représentés et respectés ».

Mathilde Hangard

Partagez l'article :

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

« Nous avons un volcan exceptionnel », des étudiants de Mayotte à bord du Marion Dufresne pour observer le Fani Maoré

Quatre étudiants de Mayotte participent à la 33ᵉ campagne scientifique MAYOBS du REVOSIMA, à bord du navire Marion Dufresne. Depuis 2019, la mission scrute le volcan sous-marin Fani Maoré, à l’origine de séismes fréquents sur le territoire, en collectant des données sur le fond marin et la colonne d’eau. Une immersion unique qui leur permet de découvrir concrètement le travail des chercheurs et l’importance de mieux comprendre l’activité volcanique de l’archipel.

Barges : la CCPT appelle à repenser le modèle du transport maritime

Face à la paralysie provoquée par la grève des barges, la Communauté de communes de Petite-Terre (CCPT) déplore un "laisser-aller" dans la gestion du service public et alerte sur la nécessité d’une refonte globale de la DTM.

Chaque année LADOM accompagne plus de 5.000 étudiants mahorais

Présente depuis près de 15 ans à Mayotte, LADOM a inauguré ce mardi matin sa nouvelle agence à Mamoudzou dans le quartier de M’Gombani. A cette occasion le Directeur général de LADOM, Saïd Ahamada, avait fait le déplacement.