Par lettre de mission du 15 avril 2025, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a confié au Général Facon et au Préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, l’organisation d’une concertation relative au calendrier et aux modalités de la convergence économique et sociale à Mayotte. En effet, suite au passage de Chido, l’État s’est engagé à accélérer cette convergence avec pour point de départ le 1er janvier prochain en vue d’une effectivité dès 2031, avec une trajectoire soutenable, tant pour l’économie que pour la société mahoraise. Ainsi, plusieurs tables rondes étaient organisées à l’occasion de cette conférence avec des représentants du milieu patronal, syndical mais aussi institutionnel.
« Une étape importante et sans doute historique pour Mayotte »

Le préfet a tout d’abord indiqué qu’à la suite de la venue du président de la République, le 21 avril dernier, « une nouvelle page s’était ouverte pour le développement de Mayotte ». Avec notamment de nombreux chantiers concernant sa refondation et sa reconstruction qui devraient transformer durablement ce territoire. Ainsi il serait question, selon le préfet, de créer une grande zone d’activités au nord de l’île avec le port de Longoni mais aussi grâce à la construction d’un nouvel aéroport afin de « faire de Mayotte une plateforme de commerce et de développement et de la positionner dans son espace. Plus particulièrement de l’ancrer durablement dans le canal du Mozambique », zone devenue hautement stratégique…
Le représentant de l’État a également insisté sur l’absolue nécessité que Mayotte soit autonome vis-à-vis la ressource en eau. « C’est une question stratégique. Une programmation annuelle est ainsi prévue pour un montant de 850 millions d’euros ». Ainsi d’ici 2026-2027, l’île aux parfums pourrait être totalement autonome en production d’eau grâce notamment à la future usine de dessalement d’Ironi bé mais aussi à la 3e retenue collinaire qui devrait contenir près de 3 millions de m3, soit la contenance de celles de Combani et Dzoumogné réunies. « Nous allons multiplier par 2… C’est un enjeu vital, cette souveraineté en eau est essentielle », a insisté François-Xavier Bieuville.
Il a ensuite presenter les enjeux de la conférence du jour sur la convergence sociale, dont le but est de définir le contenu afin que cela serve de base de travail pour le Gouvernement dans le projet de loi pour Mayotte. « Il nous faut définir les modalités de cette convergence sociale, un calendrier, les bénéficiaires, le rythme, …C’est en quelque sorte un travail de signalisation et de pédagogie. Nous avons besoin de cette convergence, au-delà du développement économique et de la question de l’eau, car l’égalité sociale est essentielle ».
Une feuille de route claire pour le projet de (re)construction de Mayotte

Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises dans nos colonnes, le général Pascal Facon a été désigné pour mener à bien le chantier de la (re)construction de l’île à l’instar du général Georgelin qui avait été choisi pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris lors du terrible incendie le 15 avril 2019. Sa feuille de route est claire : mettre en place un nouvel établissement public à la place de l’Epfam (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte), chargé d’identifier du foncier, de proposer des projets d’infrastructures, mais aussi assurer la maitrise d’ouvrage.
« L’ordonnance de promulgation devrait se faire dans les prochains jours, le 24 mai, et le décret pour entériner sa création devrait intervenir autour du 15 juillet. Un premier conseil d’administration sera organisé en septembre prochain et le 14 décembre 2025, un an jour pour jour après Chido, cet établissement sera en pleine capacité opérationnelle », a déclaré le général Facon. Concernant la stratégie quinquennale qui va être mise en place, là aussi la mission de général est assez claire. D’une part protéger les Mahorais face aux dangers, c’est tout l’aspect sécuritaire… Garantir l’accès aux biens et aux ressources essentielles comme l’eau, les déplacements, la nourriture, etc. D’autre part, faire de Mayotte un territoire prospère en misant sur l’éducation, la jeunesse, en créant des filières innovantes et en développant l’ingénierie. Enfin, assurer la souveraineté de Mayotte en renforçant l’attractivité du territoire.

Durant cette journée, patronat et syndicats qui n’étaient pas souvent d’accord… ont quand même pu discuté et échangé autour du sujet de l’alignement du SMIC sur le niveau national, mais également concernant les thèmes relatifs à la sécurité, l’attractivité, la protection sociale et les droits sociaux à Mayotte. Il a été question aussi de l’accompagnement des entreprises, le problème des délais de paiement, le désenclavement du territoire, les problèmes de transport, l’approvisionnement de l’île, l’économie informelle, la retraite, etc. Autant de thématiques et de questions qui ont été débattues afin de créer plus que jamais les conditions d’une économie forte et apaisée pour ne pas mettre le milieu économique en difficulté par la mise en place de la convergence sociale.
B.J.