Le gouvernement comorien, par le biais du ministère de l’Éducation nationale, et la France, à travers l’Agence française de développement (AFD) a lancé officiellement, samedi 10 mai à Moroni, le chantier de réhabilitation du plus grand lycée de l’archipel. Le coût total est estimé à 2,4 millions d’euros. C’est l’entreprise malgache, Tan 2000, qui a obtenu le marché. Le chantier sera supervisé par le groupement Quadra-Iama-Egis Mada.
Une gamme de projets financés par la France
Les fonds proviennent de l’enveloppe de 150 millions d’euros accordés à l’Union des Comores par la France en juillet 2019 suite à la rencontre entre Emmanuel Macron et Azali Assoumani au Palais de l’Elysée. Un fonds additionnel a été annoncé quelques années plus tard. Cet appui budgétaire de la France finance une gamme de projets dans de nombreux secteurs à travers « le Plan de développement France-Comores (PDFC) » toujours en marche dans l’archipel.
Une partie de ces fonds sert aujourd’hui au financement du chantier de réhabilitation du principal lycée du pays, le lycée Saïd Mohamed Cheikh, du nom de ce premier député comorien à l’Assemblée nationale française. En tout, 45 établissements dont trois autres lycées (Fomboni à Mohéli, Mutsamudu et Domoni à Anjouan) seront réhabilités dans le cadre du Projet d’amélioration de l’environnement scolaire (Paes), une des composantes du PDFC.
« C’est un jour historique pour notre système éducatif. Le lycée Saïd Mohamed Cheikh est plus qu’un bâtiment, c’est le berceau de l’élite comorienne, un symbole d’unité et d’excellence », a rappelé le ministre de l’Education, Bacar Mvoulana, lui-même ancien élève de l’établissement. « Je suis profondément ému de participer à cette cérémonie de pose de la première pierre du chantier de réhabilitation de ce lycée qui m’a formé », a-t-il ajouté.
L’ambassadeur de France aux Comores, Sylvain Riquier, s’est réjoui du lancement du chantier, rappelant « l’importance du partenariat franco-comorien » et la nécessité de travailler pour relever les défis communs dans un avenir partagé. « C’est dans une relation mutuellement respectueuse que nous pouvons tracer un avenir commun. Le soutien à l’éducation traduit notre volonté de bâtir un monde plus juste et résilient », a-t-il déclaré. « Ce chantier ambitieux marque une nouvelle étape vers une éducation de qualité aux Comores », s’est félicité le diplomate français.
13 mois pour les travaux

Pour le secrétaire général du Gouvernement, Nour El Fath Azali, « ce lycée n’est pas un bâtiment ordinaire. Il est le lieu de naissance de l’élite comorienne, un symbole de dignité de notre nation » avant d’ajouter : « Ici, se sont côtoyés des enfants de Ndzuani, Mwali, Maore et Ngazidja, ils ont partagé les mêmes bancs et les mêmes rêves, habité les murs de l’internat qui était ici, tissé des amitiés qui ont traversé le temps et les épreuves d’une indépendance naissante. Le lycée Saïd Mohamed Cheikh est un patrimoine vivant, témoin de notre histoire partagée, un creuset de l’unité nationale. Si le temps a évidemment terni les murs de ce bâtiment emblématique, il n’a pas réussi à ternir les mémoires de ces hommes et femmes qui ont été éduqués et forgés dans cet établissement ».
Très attendu aux Comores depuis des décennies, le chantier devrait durer « 13 mois », selon les autorités comoriennes. Le grand lycée des Comores, avec ses 900 élèves, a été complètement délabré, offrant un spectacle désolant malgré son caractère mythique. Le lycée de Moroni a en effet formé presque toute l’élite comorienne et tous les hommes politiques du pays, y compris l’actuel président des Comores, Azali Assoumani, qui y a passé quatre ans de 1976 à 1980. La réhabilitation de l’établissement devrait, grâce à son futur cadre de vie amélioré, offrir une aubaine à des centaines de familles qui pourraient réinscrire leurs enfants et réduire le coût des scolarités dans l’enseignement privé.
A.S.Kemba, Moroni