« Nous avons tenu à faire quand même une édition cette année, malgré les difficultés liées aux conséquences du passage du cyclone Chido », a déclaré Zouhouria Mouayad Ben, vice-présidente du Conseil départemental en charge de la Culture, du Sport et de la Jeunesse. Fruit d’un travail commun entre l’Office culturel départemental, le musée de Mayotte (Muma) et la Direction de la Culture et du Patrimoine (DCP), cette édition souhaite justement rendre hommage à la résilience dont a fait preuve la population mahoraise après le passage du cyclone, mais pas uniquement. Organisée au moment de la date anniversaire de l’abolition de l’esclavage sur le territoire, elle souhaite aussi « rappeler les luttes des peuples ayant subi l’esclavage et l’importance de la mémoire pour construire un avenir plus juste ». Cette 17ème édition met également à l’honneur certains aspects du patrimoine culturel matériel et immatériel de l’île.

Réduite à deux jours du fait des contraintes liées à la reconstruction du territoire, (au lieu des quatre habituellement), cette édition n’en sera pas moins riche en évènements pour le public. L’historien spécialiste des langues et de la culture mahoraise, Inssa de Nguizijou, présentera un court-métrage de 8 minutes sur le mrenge, dont il a piloté la réalisation. Art martial mahorais traditionnel mêlant chant, danse et combat, le mrenge est une forme d’expression culturelle née des héritages africains et malgaches et diffusé à travers les îles de l’océan Indien par la traite négrière. Il se rapproche de la capoeira brésilienne par son dynamisme et sa dimension culturelle. Inssa de Nguizijou en rappellera les perspectives artistiques, historiques et sociales.
Une mise en valeur du patrimoine culturel mahorais
Le FATMA 2025 mettra également en valeur plusieurs autres aspects du patrimoine culturel matériel et immatériel de l’île. En 2024, plusieurs pratiques culturelles mahoraises ont en effet été inscrites au Patrimoine Culturel Immatériel National (PCIN), une « avancée historique » selon Mohamed El-Kebir, le directeur de l’Office culturel départemental de Mayotte. Cette reconnaissance permet en effet de préserver et transmettre ces pratiques aux nouvelles générations, de favoriser leur rayonnement à l’échelle nationale et internationale et d’encourager les initiatives locales pour la sauvegarde du patrimoine. Le festival célèbrera pour la deuxième fois cette inscription via des démonstrations en direct, des témoignages d’artisans et une mise en lumière de l’impact de cette reconnaissance.

Les danses traditionnelles locales seront représentées au travers du debaa et du mbiwi, deux danses très différentes mais toutes deux pratiquées exclusivement par les femmes sur l’île. L’artisanat sera également mis à l’honneur avec la présence des « mamas shingos », qui fabriquent traditionnellement le célèbre sel de Bandrélé. Un savoir-faire qui a malheureusement tendance à se perdre du fait de la concurrence du sel industriel, moins coûteux et plus facile d’accès, et du peu d’attrait de la nouvelle génération pour cette forme d’activité. Les acteurs communaux et étatiques tentent toutefois de revaloriser cette pratique en lui cherchant des débouchés économiques et commerciaux et en assurant sa promotion lors d’évènements culturels.
Enfin, la poterie traditionnelle mahoraise, art jusqu’à présent peu mis en avant, sera cette fois-ci au cœur de cette 17ème édition. Plusieurs artisans viendront expliquer leur pratique devant le public et des ateliers d’initiation seront même organisés. Art ancestral transmis de génération en génération par des artisans passionnés, ce savoir-faire unique se traduit par la fabrication d’ustensiles ménagers et d’objets décoratifs ou rituels, conçus principalement à partir d’argile local soigneusement sélectionné.
Retrouvez le programme complet de la 17ème édition du FATMA sur la page Facebook du Département.
Nora Godeau