A quelques jours du sommet des chefs d’Etat membres de la Commission de l’Océan Indien (COI), Comores, France à travers l’île de la Réunion et non Mayotte, Madagascar, Maurice, Seychelles à Madagascar, le ministre délégué à la Francophonie et aux partenariats internationaux, le ministre Thani Mohamed Soilihi, tenait une conférence de presse depuis les Seychelles.
Son déplacement poursuivait quatre objectifs, comme il le détaillait : Préparer le sommet des chefs d’Etat de la COI, Marquer l’engagement de la France d’insérer Mayotte dans son environnement régional, Faire connaître le Forum des îles de protection des océans et de la biodiversité dans l’esprit du sommet de Nice du 9 au 13 juin, et valoriser les relations bilatérales entretenues entre la France et les Seychelles.
Étant donné ce qui est présenté du côté comorien comme un contentieux, puisque réclamant toujours Mayotte, la privant de représenter la France à la COI, nous avons interrogé le ministre natif du département français sur cette situation en forme de pied de nez vis-à-vis de nos voisins comoriens : un mahorais représentant la France à la COI suffit-il à éteindre toute ambiguïté ?
Blocage sur la déclaration finale

Réponse diplomatique pour commencer de la part de Thani Mohamed Soilihi, qui nous indiquait que « Mayotte a sa place au sein des institutions au-delà des questions politiques », pour expliquer ensuite que les règles de la COI ne permettaient pour l’instant aucune avancée : « Il faut l’unanimité sur les questions, donc à partir du moment où un seul membre met un veto, aucun accord n’est possible ». Et ce fut le cas, expliquait-il plus tard en réponse à une question de notre consœur Laurence Caramel du Monde : « Nous n’avons pas pu adopter de déclaration finale en raison du sujet de l’intégration de Mayotte. »
Il expliquait néanmoins que « la France ne baisse pas les bras », et en donnait les raisons : « Notre pays finance la COI à hauteur de 40% et 125 millions d’euros sont gérés par l’AFD* au sein de la COI ».
Et comme une réponse à notre question, Thani Mohamed Soilihi se revendiquait ensuite « en tant que Français, comme enfant de l’océan Indien et enfant de Mayotte (…) un symbole fort qui finira par payer », commentait-il.
« Même si on se place du côté comorien… »

C’est sur le blocage des contentieux régionaux, Madagascar avec les îles Éparses revendiquées par Madagascar – qui fera l’objet d’une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères – ou de Maurice avec Tromelin, ou encore de Mayotte avec les Comores que le ministre se positionnait fermement : « Mayotte est le seul territoire habité à être revendiqué par une puissance étrangère. Selon le principe de l’autodétermination des peuples, Mayotte est française car les Mahoraises et les Mahorais l’ont clamé à de nombreuses reprises. Aucune discussion n’est possible. Même si on se place quelques secondes à la place des Comores qui s’appuient sur la règle du retour des frontières d’avant la colonisation, Mayotte était un territoire autonome qui par la volonté d’Adriantsoly était rattaché à la France. L’appartenance à la France est donc indiscutable. »
Et sur la question d’un journaliste de l’annonce d’une base militaire qui pourrait provoquer les Comores, et qui a incité à une manifestation à Moroni ce mercredi, le représentant du gouvernement français était on ne peut plus ferme : « Cela ne les regarde pas. L’annonce d’une base militaire à l’intérieur de la France ne regarde que la France. Et j’entends parler d’une base militaire alors qu’il s’agit plutôt d’installer une base d’interception des kwassa kwassa au Nord de Mayotte ».
Un surcroit d’efficacité dans les interceptions qui pourrait donc être la vraie raison de la levée de boucliers aux Comores
Thani Mohamed Soilihi l’a répété à plusieurs reprises, le sujet de l’intégration de Mayotte sera discuté en sommet des États membres la semaine prochaine, avec donc Emmanuel Macron.
Anne Perzo-Lafond
*L’Agence française de Développement