Assis sur des nattes devant plusieurs banderoles affichées à l’entrée de la préfecture, des membres du collectif des citoyens de Mayotte ont entamé ce lundi 7 avril au matin un blocage du bureau des étrangers, pour signifier leur désaccord vis-à-vis du projet de loi de programmation pour Mayotte, à la veille de la visite du ministre des Outre-Mer, Manuel Valls.
« On souhaite dénoncer l’attitude de l’Etat qui n’indique pas clairement vouloir supprimer le titre de séjour territorialisé, c’est inacceptable. Si on est là c’est qu’on veut absolument faire figurer cette suppression dans le projet« , insiste Safina Soula, présidente du collectif des citoyens mouvement 2018 qui rassemble plusieurs associations notamment le CODIM ou les Assoiffés de Mayotte. « On dénonce également l’article 20 du projet de loi programme qui est la réincarnation de l’article 10 précédemment supprimé dans la loi d’urgence », continue Safina Soula. Cet article avait été supprimé suite au vote du projet de loi d’urgence pour Mayotte, adopté par le Parlement, le 13 février dernier. Il habilitait le Gouvernement à légiférer par ordonnance pour adapter des règles relatives à l’expropriation pour « cause d’utilité publique », afin de reconstruire Mayotte après le cyclone. Le collectif estime que l’article 20 reprend ces mêmes dispositions.

Autre point sensible pour le collectif : le projet de construction de la piste longue à Bouyouni, « une mascarade », lance Safina Soula qui milite pour que la piste soit étendue directement sur le site de l’aéroport actuel en Petite-Terre.
Enfin, Safina Soula prend comme une provocation l’appel à la mobilisation lancé par des élus comoriens, le 5 avril dernier, pour protester contre l’installation d’une nouvelle base navale à Mayotte et dénoncer la militarisation d’un territoire. « On est énervé. Ici c’est Mayotte, la France, pas les Comores. J’attends de Manuel Valls mais aussi d’Emmanuel Macron lors du Sommet de la Commission de l’Océan Indien de mettre ce sujet sur la table le 24 avril prochain ». Un sommet présidé justement par les Comores.
Du côté de la préfecture, la présidente du collectif indique ne pas savoir combien de temps va durer le blocage du bureau des étrangers de la préfecture, un signe de sa détermination.
Victor Diwisch