En contrebas de la colline de Carobolé, à Koungou, il est encore difficile d’imaginer que le terrain de 5 hectares qui surplombe la nationale sera bientôt le second pôle de centralité de la ville avec ses 421 logements, des surfaces commerciales, une école ou bien un parc public.
Un peu plus de 3 ans après la fin de la démolition du bidonville de Carobolé, l’endroit a des allures de terrain vague. Les premiers travaux de construction doivent commencer fin 2026, tout l’enjeu est de savoir quelles familles vont s’installer dans ce quartier pour lui donner pleinement vie.
En 2021, la Ville de Koungou a signé plusieurs conventions de relogement avec les ménages réguliers de Carobolé pour leur permettre de se réinstaller à la fin des aménagements sur le site.

Une fois évacués, « plus de 80% des ménages ont fait l’objet d’orientation », indique la Ville de Koungou dans un rapport en 2022. « 20% n’ont pas voulu être accompagnés, 5% ont été orientés vers du logement social, 10% vers de l’InterMédiation Locative (IML), 47% vers du logement d’insertion (durée d’hébergement limitée à 6 mois). Cependant, de nombreux ménages déclinent finalement les offres par peur de ne pas pouvoir rescolariser leurs enfants. Les ménages préfèrent ainsi louer dans le parc privé et rester dans le village de Koungou », continue le rapport.
Des situations différentes en fonction des familles, qui obligent la Ville de Koungou à opérer un véritable travail de fourmi en gardant le contact avec tous les foyers pour honorer les conventions signées. Fin 2024, les premières permanences sociales d’accompagnement ont été lancées par la Ville pour faire l’état des lieux de chaque ménage et les accompagner dans leur relogement.
Un tiers des 200 ménages concernés reçus aux permanences
Ce mercredi 5 mars, elles ont rouvert leurs portes après le passage du cyclone Chido. Elles se tiendront jusqu’au 5 avril 2025 tous les mercredis et vendredis de 8h à 12h à l’espace social de Koungou. « L’objectif premier de ces permanences sociales c’est d’honorer les conventions car on s’est engagé auprès des gens à permettre leur relogement« , insiste Vanille Guichard, directrice aménagement et renouvellement urbain à la mairie de Koungou, qui opère les permanences. « Pour cela il faut connaître les situations actuelles des ménages, pour pouvoir ensuite transmettre ces données à l’aménageur pour qu’il les accompagne dans leur relogement ».

Si une travailleuse sociale a accompagné les familles ces dernières années, seulement un tiers des 200 ménages concernés ont été reçus dans des permanences sociales. Et ce matin, ils ne sont pas nombreux à venir pour établir leur dossier. « Il faut absolument que tous fassent une demande de logement social. Si on ne la fait pas, on n’a pas de numéro et il est difficile ensuite pour nous de suivre leurs dossiers. Si au moment où les logements sortent ils n’ont pas fait leurs demandes ça va leur prendre du temps pour y avoir accès », continue Vanille Guichard.
Vérifier l’éligibilité aux indemnités Letchimy
Les permanences sont d’autant plus importantes que parmi les familles, certaines sont éligibles à l’obtention d’une indemnisation de l’Etat, les indemnités « Letchimy ». C’est la première fois que ces indemnités sont mises en place sur le territoire, mais pour cela il faut que la Ville obtienne des justificatifs. « Pour être éligible à la prime, il faut avoir vécu de façon continue et paisible pendant au moins 10 ans à Carobolé. Même si la personne n’est pas propriétaire, mais occupant, elle a le droit à une reconnaissance. C’est important de reconnaître ça », constate Vanille Guichard.

Une indemnisation qui sera ajustée au projet du ménage, pour l’accompagner à l’accession à la propriété, l’accompagner dans le paiement d’un loyer d’un logement locatif ou même de l’indemniser directement si la famille ne souhaite plus s’installer à Carobolé. « Le but est de leur donner un maximum d’informations pour qu’ils fassent un choix réaliste qui se concrétise par derrière », conclut Vanille Guichard, qui appelle vraiment les personnes concernées à se rendre aux permanences.
Victor Diwisch