Un homme d’origine malgache était jugé vendredi, en comparution immédiate, devant le tribunal judiciaire de Mamoudzou pour avoir aidé à l’entrée irrégulière sur le territoire français de 40 personnes. Par ailleurs, il n’y avait pas, comme souvent dans ces cas-là, de matériel de secours dans le kwassa et le pilote n’avait évidemment pas le permis bateau pour transporter des passagers. En outre, il était reproché à l’homme d’être revenu en France alors qu’il avait été jugé en avril 2024 pour les mêmes faits et qu’il était interdit du territoire national. Le parquet a également décidé de le poursuivre pour un troisième délit car il aurait menti sur sa véritable identité avant de passer aux aveux.
« Je voulais juste récupérer de l’argent et un passeport pour aller à La Réunion »
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Comme souvent, le prévenu a nié être le pilote du kwassa en dépit du fait que plusieurs personnes l’ont mis en cause. « 5 personnes ont été entendues sur les 42 qui étaient à bord du kwassa, et sur ces 5 personnes 3 vous désignent comme le pilote principal, indique le président du tribunal, Ludovic Duprey. – Je ne suis pas le pilote, rétorque l’accusé. – Pourtant tout le monde vous met en cause y compris le mécanicien. – Il m’accuse, mais c’est lui qui a pris la responsabilité… ». Le président du tribunal visiblement agacé par les réponses de l’accusé hausse le ton et d’une voix forte dit : « Vous saviez que vous n’aviez pas le droit de revenir et vous êtes revenu quand même ! Plusieurs personnes vous désignent comme étant le pilote ! Pourquoi ?! ». Le prévenu a alors avoué que s’il avait menti sur son identité c’était pour venir chercher de l’argent. « J’ai compris que je n’ai plus le droit de venir en France… Je voulais juste récupérer de l’argent et un passeport pour aller à La Réunion ».
On apprend ainsi que l’embarcation était partie de Majunga à 22 heures la veille avant de se faire intercepter par la brigade nautique du côté de Bandrélé, sur les coups de 6h20. Le substitut du procureur, Medhi Ben Mimoun, n’a pas manqué dans son réquisitoire de rappeler le côté très lucratif de ce trafic puisque les prix par passager oscillaient entre 500 et 750 euros. « C’est un dossier classique à Mayotte… mais lourd de conséquences avec des vies humaines. Pas moins de 42 personnes étaient à bord sans qu’il y ait le moindre matériel de sécurité, et de plus le prévenu ne disposait pas de permis bateau ». Puis il a rappelé quelques chiffres pour l’année 2023 où « près de 700 kwassa ont été interceptés, soit en moyenne 2 par jour, sans compter ceux qui s’échouent… Ce sont ainsi 9.000 personnes qui ont été interpellées ».
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Le prévenu étant en récidive légale, le procureur a donc requis 3 ans de prison ferme, l’interdiction définitive du territoire français, la confiscation des biens (barque, moteurs, téléphones…), et une amende de 200 euros pour déclaration d’une fausse identité. L’avocat du prévenu, Me Cooper, a bien essayé dans sa plaidoirie d’émettre un sérieux doute concernant les témoignages à charge, « J’émets des réserves sur les témoignages, ils sont d’une valeur toute relative. On est allé un peu vite en besogne… », a-t-elle déclaré. Mais après avoir délibéré, le tribunal a suivi à la lettre les réquisitions du ministère public, avec mandat de dépôt.
B.J.