Lors de sa présentation du projet de loi en séance au Sénat, Manuel Valls évoquait l’après loi d’Urgence. « Il ne s’agit que d’une première réponse, après le temps de la reconstruction doit venir celui de la refondation », pour introduire le projet de loi programme « Mayotte debout », « que je présenterai d’ici deux mois ». « Sans quoi, nous reconstruirons Mayotte sur du sable », reprenant le terme utilisé dans sa tribune conjointe avec les ministres Retailleau et Lecornu dans le Figaro.
C’est un ministre des Outre-mer très sévère sur le retard pris, qui poursuivait devant les sénateurs : « Chido a ravagé Mayotte mais a surtout révélé les calamités qui existaient déjà, un sous-développement des infrastructures économiques et des services publics malgré les engagements qui avaient été tenus, entretenu par les deux fléaux qui rongent l’île depuis des années, l’habitat illégal et l’immigration clandestine ». Souvenons-nous amèrement d’une ministre des Outre-mer, Georges Pau-Langevin, qui avait fait un bond indigné quand nous l’avions interpellée sur l’impossible accès aux Mahorais des services publics…
« Il faut s’y préparer »
L’illustration de ces retards, pas besoin de les chercher trop loin pour le ministre sur une île où règne les tours d’eau à l’année. « Sans changements structurels sur l’eau, nous reviendrons au mieux à la situation très insatisfaisante d’avant Chido », justifiant l’inscription au Plan « Mayotte debout » d’une 2ème usine de dessalement et d’une 3ème retenue collinaire dont le foncier a été, rappelons-le, sécurisé. Et Manuel Valls appelait à être « très attentif », car « le risque d’une nouvelle crise de l’eau semblable à 2023 existe bel et bien, il faudra s’y préparer, et je m’y prépare. » Il appelait à être innovant pour ne pas tomber dans une gestion de pénurie à coup de bouteilles d’eau.
Nul doute que le sujet a du être abordé ce mercredi lors des échanges entre Yves Kocher, l’expert de haut-niveau nommé à la préfecture pour mener à bien le plan Eau Mayotte, et Sidi Nadjayedine, Président de l’Office de l’Eau Mayotte et conseiller départemental de Mamoudzou 3.
Les échanges ont porté sur les missions de l’Office de l’Eau Mayotte, l’impact du cyclone Chido sur l’état des ressources en eau, le financement de la politique de gestion de l’eau, la formation sur les métiers de l’eau et le volet 3 du « Plan Eau Mayotte », qui porte sur l’adaptation au changement climatique.
S’il est encore trop tôt pour dresser un bilan de l’état de la ressource, la saison des pluies étant en cours, la capacité de production d’eau potable reste une faille que les autorités semblent donc prendre à la hauteur des enjeux.
Anne Perzo-Lafond