Pour son retour à Mayotte, un mois après sa dernière visite officielle, la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Elisabeth Borne est allée à la rencontre de primaires, collégiens, lycéens et de leurs professeurs pour faire un état des lieux de la reprise des enseignements. Accompagnée tout au long de la journée par le secrétaire général du préfet de Mayotte, Daniel Fermont et le recteur Jacques Mikulovic, elle s’est rendue dans 5 établissements, de Dzaoudzi-Labattoir à Bandrélé en passant par Mamoudzou et Dembéni.
La livraison de fournitures scolaires très attendue
Manque de cahiers, de crayons, ou bien d’ordinateurs, d’imprimantes… dans toutes ces écoles, la question de l’arrivée des fournitures scolaires était au cœur des discussions. « Est-ce que nous allons être aidés avec les fournitures ? C’est ça la question principale ! », a insisté auprès de la ministre d’Etat, un enseignant de l’école primaire T17 de Dzaoudzi-Labattoir. A chaque demande similaire, Elisabeth Borne indiquait que 80 tonnes de fournitures étaient arrivées à Mayotte, et qu’elles seraient acheminées dans les jours à venir. Près de 130 palettes de fournitures sont entreposées dans le hangar du Pôle Aéronautique de Pamandzi, prêtes à être livrées.
Un accès à l’eau et à la nourriture nécessaire à l’école mais aussi à la maison
Mais la stratégie étant très orientée sur la livraison de ces fournitures scolaires, la ministre n’a pas su répondre à tous les questionnements sur l’accès à l’eau, à la nourriture et aux vêtements des élèves. Une problématique qui ne se gère pas seulement à l’intérieur des établissements mais aussi et surtout à l’extérieur quand les élèves rentrent chez eux. Le temps à l’école et le temps à la maison ne peuvent pas être complètement dissociés pour les élèves.
« C’est un problème car cela augmente les inégalités entre les élèves au sein de l’établissement. Ne serait-ce que pour l’eau, il suffirait de leur donner des gourdes filtrantes pour qu’ils aient accès à 100% à de l’eau potable », a proposé une enseignante de la cité scolaire de Bandrélé. La ministre s’est tournée vers le secrétaire général du sous-préfet, Daniel Fermont, qui a noté un retour progressif à la normale au niveau de l’accès à l’eau, « dans l’établissement ».
Au lycée des Lumières de Mamoudzou, les initiatives de vente (1 euro le kit) et de distribution des kits de nourritures et d’hygiène par des lycéens ont reçu les félicitations de la ministre. Elles sont des exemples type d’une prise en charge qui se fait de l’école jusqu’à la maison, et les professeurs sont sûrs que leurs élèves ont quelque chose à manger et à boire en rentrant, avant de revenir le lendemain. Mais pour mettre cela en place il faut déjà que les écoles aient les ressources nécessaires.
Une visite uniquement dans des établissements fonctionnels
La ministre a visité des établissements qui sont presque en fonctionnement habituel, c’est-à-dire dans une situation similaire à avant Chido. Des écoles, des collèges et des lycées ont encore leurs portes fermées aux élèves, comme au collège de Kwalé, ou bien les accueillent dans des situations extrêmement difficiles, comme au lycée Bamana à Mamoudzou.
Ce vendredi 31 janvier pour sa deuxième journée, Elisabeth Borne se rendra aux côtés du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, au collège de Chiconi, un des établissements les plus touchés par le cyclone et dans lequel les enseignants ne demanderont pas uniquement des fournitures scolaires, mais un plan de reconstruction.
Les vêtements, une problématique non anticipée
L’accès aux vêtements est sans doute la problématique la moins anticipée par le gouvernement. Les professeurs rencontrés ont tous indiqué que certains élèves « n’ont plus qu’un ou deux tee-shirts » et que certains n’osent plus venir à l’école en raison d’une « perte de dignité ». « Pour le moment aucune association n’a distribué de vêtements, on va voir avec elles« , a expliqué Daniel Fermont à Elisabeth Borne et aux enseignants.
Et si la ministre a également indiqué être « attentive » à l’état psychologique des élèves après le cyclone, il est important que cet état ne se dégrade pas après la rentrée des classes, parce que l’élève n’ose pas se rendre à l’école ou se montrer devant ses camarades.
Des évaluations adaptées pour ne pas désavantager les lycéens
Pour les lycéens notamment, le recteur et la ministre ont indiqué que les évaluations allaient être adaptées pour ne pas provoquer une perte de chance notamment sur la plateforme Parcoursup. « Il faut rassurer les élèves sur ce point », a déclaré la ministre.
La première journée s’est déroulée dans un certain calme et souvent avec le sourire pour la ministre, bien reçue dans tous les établissements qu’elle a visité. Et si Elisabeth Borne n’est pas allée à la rencontre des syndicats et des parents d’élèves venus en nombre devant le lycée des Lumières, pour faire entendre leurs voix, deux réunions sont prévues ce vendredi pour répondre à leurs questions au rectorat de Mamoudzou.
Victor Diwisch