La Fondation de France s’explique sur son choix d’aider les associations locales

La responsable du département urgences au sein de la Fondation de France, Karine Meaux, est à Mayotte cette semaine pour rencontrer les associations locales mais aussi pour discuter avec les élus et les autorités institutionnelles afin de coordonner les différentes aides à verser. Nous avons pu l'interroger

Depuis le passage de Chido, la Fondation de France a lancé un appel aux fonds afin d’aider notre île à se relever après cette catastrophe. A ce jour elle a collecté pas moins de 40 millions d’euros qu’elle va redistribuer à des associations locales pour aider à reconstruire Mayotte.

23 associations locales vont bénéficier de ces fonds

Nous avons contacté Karine Meaux, Responsable du département urgences au sein de la Fondation de France, qui explique que les fonds récoltés par la fondation servent à financer des actions de la société civile. « Le département urgences de la Fondation de France a pour mission de lancer des appels aux fonds spécifiques lorsque survient une guerre ou une catastrophe naturelle, comme c’est notamment le cas pour Mayotte avec le passage de Chido ».

Au lendemain du cyclone, un habitant fouillant dans les poubelles

Ce sont ainsi 23 associations présentes sur le territoire qui vont toucher des fonds pour un montant maximum de 3,5 millions d’euros. « Nous n’avons pas de domaine d’intervention spécifique, nous agissons en fonction des priorités des populations. On collecte et après on redistribue. La priorité en ce moment c’est l’eau, l’alimentation et le relogement. Mais nous aidons aussi les associations qui se mobilisent pour faire redémarrer les secteurs culturels, d’aide à l’enfance, la santé, … et qui accompagnent notamment les plus vulnérables », explique-t-elle.

Les collectivités mahoraises ne bénéficieront pas des 40 millions d’euros

Ce qui avait agacé plusieurs élus. La semaine dernière le président de l’Association des Maires de Mayotte (AMM 976), Madi Madi Souf, avait adressé une lettre au président de la Fondation de France, Pierre Sellal, indiquant que les collectivités mahoraises avaient aussi besoin de ces fonds pour financer la reconstruction de l’île. Il avait alors déploré la décision sans concertations de la Fondation de France et s’était indigné que seules les associations puissent en bénéficier. « Je comprends sa réaction car 40 millions d’euros c’est une grosse somme… et dans un sens il a tout à fait raison. Mais notre fondation ne peut pas financer des collectivités locales. Quand bien même nous le voudrions, nous ne le pourrions pas, car c’est interdit. Le financement ou l’aide pour les collectivités locales se fait par l’État et on ne peut pas se substituer à lui. Mais je comprends que cela puisse porter à confusion. La philanthropie finance des actions privées ».

Le président de l’AMM 976, Madi Madi Souf, a adressé la semaine dernière un courrier au président de la Fondation de France

Par ailleurs, les associations qui vont bénéficier de ces fonds sont soigneusement sélectionnées, au travers d’une « analyse réputationnelle », et seront auditées chaque année. « Avant de donner des fonds à une association on se renseigne sur elle auprès de différents organismes comme par exemple la Drajes, afin de savoir si elle est connue. On regarde aussi son statut et ses comptes. De plus, une fois que le partenariat est établi on audite les comptes chaque année », explique la responsable du département urgences de la Fondation. Aussi, concernant les 40 millions d’euros récoltés, Karine Meaux assure que tout n’est pas donné d’un seul coup, en 6 mois, « On va le faire progressivement, ce sera espacé dans le temps et sur plusieurs années. Car on sait que les véritables enjeux arrivent souvent bien après. Pour l’instant la priorité c’est que les gens ont faim et soif », insiste-t-elle.

Arrivée lundi avec les Compagnons Bâtisseurs, Karine Meaux repartira de Mayotte en fin de semaine. Entretemps elle aura rencontré les représentants du Conseil départemental, de la DEAL, de la DEETS, de l’AFD ainsi que de nombreuses associations. « J’étais déjà venue en décembre en mission d’exploration et de rencontre ». Comme elle nous l’a précisé, cette deuxième mission a pour objectif de comprendre les problèmes concernant le relogement et l’environnement. « Durant cette semaine je vais rencontrer et échanger avec beaucoup d’organismes et d’associations afin de savoir qui va faire quoi et comment ».

B.J.

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