Le sénateur Renaissance Saïd Omar Oili l’avait le premier appelé de ses vœux : une Commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise post cyclone, qu’il justifiait par le manque de transparence des services de l’Etat.
Plus d’une soixantaine de députés La France Insoumise-Nouveau Front Populaire (LFI-NFP) ont rebondi, et proposé ce 16 janvier 2025 une résolution de création d’une « Commission d’enquête sur l’impréparation de Mayotte face aux risques naturels majeurs et les conséquences du délaissement de ce département par l’État ». On aurait pu s’attendre qu’avec un tel intitulé, les deux députées mahoraise, Estelle Youssouffa (LIOT) et Anchya Bamana (RN) unissent leurs signatures. On comprend pourquoi à la lecture du document de 11 pages.
Les députés rappellent dans un premier temps les ravages commis par Chido, tant humain, économique, sanitaire qu’environnemental, en accusant l’État de détenir « une lourde part de responsabilité face à l’ampleur des dégâts humains et matériels, à la détresse de la population marquée dans sa chair ». Évoquant une « colonisation par la France » de Mayotte en 1841, les députés LFI invoquent qu’en 1975 la scission vis-à-vis des Comores voulue par les Mahorais « était alors contraire au droit international et à l’Organisation des Nations Unies qui déclare intangible des frontières issues de la colonisation. » Nulle part n’est fait mention du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, autre droit opposable, et qui laisse toute marge à une population de sa destinée. Étonnant pour un parti politique qui se veut proche des peuples.
La situation de crise instrumentalisée
Dès lors, on a quelques difficultés à poursuivre la lecture de manière objective. Si la réalité est révélée, « les droits fondamentaux pas ‘effectifs’ pour reprendre les termes utilisés par le Défenseur des droits en 2020 », avec un « manque d’infrastructures de soins et d’éducation », « 4 habitations sur 10 étaient déjà des constructions précaires », avant le cyclone, un nombre d’élèves par classe à l’école maternelle « nettement supérieur à la moyenne nationale », un nombre de lits d’hospitalisation disponibles « à peine à 40 % de la moyenne nationale », des droits sociaux de moitié que les concitoyens hexagonaux, etc., c’est le plus souvent aux fins de dénoncer les « politiques répressives » et les « opérations anti-migrants », sans jamais défendre la demande de la population de supprimer les titres de séjour territorialisés. Cela permettrait pourtant à leurs détenteurs de partir pour la métropole comme c’est le cas pour les étrangers en situation régulière de tous les autres départements d’Outre-mer, et ainsi de bénéficier de services plus égalitaires, tout en décongestionnant le territoire. Pourquoi ne le défendent-ils pas ?
En résumé, la proposition de résolution LFI-NPF demande l’étude et l’évaluation de la situation de crise à Mayotte faisant suite au cyclone Chido du 14 décembre 2024, l’examen des réponses apportées par l’État, l’impréparation face aux risques naturels majeurs, les conséquences du délaissement du territoire par l’État, et la proposition de solutions « afin de faire de Mayotte un département français à part entière, garantissant une égalité réelle entre tous les territoires de la République française, en se saisissant de l’opportunité de la reconstruction. » Un article séduisant, mais sans aucun doute trompeur.
A.P-L.