Ce vendredi, une poignée de membres d’un des Collectifs de citoyens est intervenue au lycée Younoussa Bamana pour faire évacuer l’établissement. Il avait été utilisé comme Centre d’Hébergement d’urgence lors du cyclone Dikeledi. Depuis, tous ces centres – pour la plupart des écoles – ont été évacués et sont en cours de nettoyage et de réparation post-Chido pour préparer la rentrée scolaire. Mais pas le lycée Bamana.
Une centaine de personnes espéraient y trouver un refuge au-delà de la vigilance cyclonique, n’ayant pas d’endroit où s’abriter. Il s’agit pour la plupart de migrants de l’Afrique des Grands Lacs, demandeurs d’asile. Nous sommes vraisemblablement dans la continuité du camp de migrants qui s’était formé autour du stade de Cavani, ce qui avait incité la population à se soulever en janvier 2024 contre l’immigration clandestine. Décision avait été prise d’acheminer 200 d’entre eux dans un centre abrité dans un château des Yvelines.
Avant cet évènement, un autre est resté dans les esprits, celui d’un camp de migrants installé sur le terrain de l’église Notre-Dame de Fatima, qui s’était prolongé au point de perturber l’activité de la paroisse, il a fallu plusieurs mois pour trouver une solution.
Les nettoyeurs
Le rôle dévolu à Solidarité Mayotte d’accueil des migrants n’est plus suffisant, un autre centre semble indispensable comme le souhaite le préfet. Si le Collectif demande leur départ ailleurs du département, c’est que l’exemple des Yvelines suit son chemin dans les esprits.
« Ils nous empêchent de nettoyer là, libérez les locaux ! », demande près d’une salle du lycée une dame gants de ménage à la main, et écharpe noir-rouge fleurie d’ylang autour du cou, signe distinctif du collectif. « Nos enfants sont à la maison, ils ne savent pas où ils vont aller (étudier, ndlr) et eux, ils sont là, tranquilles ! », lance une autre en enlevant les vêtements des migrants posés çà et là.
Nous nous sommes tournés vers le recteur Jacques Mikulovic pour savoir quelle procédure était prévu pour récupérer le lycée en vue de la rentrée scolaire. « Le problème des réfugiés est celui de la préfecture en ce qui concerne leur relogement. Nous souhaitions juste qu’ils occupent l’espace qui était dédié aux sinistrés lors du passage du cyclone ». Mais depuis le 1er janvier, les occupants occasionnels des locaux se sont installés et ont gagné de l’espace, « nous sommes intervenus ce vendredi matin avec le sous-préfet Laurent Alaton pour leur demander de se regrouper sur la zone dédiée, le collectif a accéléré le mouvement », nous explique-t-il.
Il faut dont à la fois pour la préfecture gérer ce dossier des demandeurs d’asile, et pour le rectorat récupérer un lycée dont une partie a été endommagée par Chido, pour une rentrée toujours prévue le 27 janvier 2025, soit deux semaines plus tard que prévu.
Anne Perzo-Lafond