Figure marquante de la vie politique française, Jean-Marie Le Pen est décédé ce mardi 7 janvier 2025, laissant l’ensemble des rédactions dans l’embarras pour annoncer la nouvelle, ne sachant quel ton adopter pour parler de cette forte personnalité au parcours sulfureux, soucieuses ne pas paraître trop proche en évoquant son parcours, et à l’inverse, soucieuses aussi de ne pas se repaître sur la dépouille du créateur du Front National en évoquant ses frasques.
Son parcours, commencé en Algérie pendant la guerre, pour ensuite devenir député Poujadiste en 1962, est loin d’être un long fleuve tranquille. Des accusations de torture jusqu’à ses propos clairement antisémites, on ne pourra reprocher à cet homme politique d’être un robinet d’eau tiède, ne mettant jamais son auditoire à l’abri d’un dérapage ou d’une parole équivoque. Atteignant le second tour de la présidentielle en 2002, la France s’apercevait alors que sous ses allures de « je fais des dérapages sans m’en rendre compte », Jean-Marie Le Pen avait une analyse assez précise de la société française, devinant avant tout le monde que l’opinion publique tendait à pencher de plus en plus à droite, et que des positions populistes fortes étaient la clé de la réussite pour les décennies à venir.
Après la prise de pouvoir de sa fille au sein du parti, il n’a jamais caché que la stratégie de dédiabolisation, amorcée par Marine Le Pen, n’avait en aucun cas son assentiment, préférant des positions plus radicales, estimant que c’est à ce prix-là que le Rassemblement National pouvait arriver au pouvoir. Cette différence de point de vue amena inévitablement à une brouille entre père et fille, allant jusqu’à l’éviction pure et simple du père.
L’histoire politique de cette famille est une saga représentant trois générations, allant de Jean-Marie à Marion, en passant par Marine. L’histoire récente aura montré une face « télénovella » tellement chère aux médias actuels, qu’on se demande si derrière de vraies dissensions, la famille n’aurait pas surjouer le « je t’aime moi non plus » pour occuper l’espace médiatique, le retour de Marion Maréchal confirmant un peu cette thèse. Chez les Le Pen, le clan est omniprésent et indissociable de l’histoire du parti, constituant sa principale force qui est aussi sa principale faiblesse, car jusqu’à ce jour, aucune personne étrangère au clan n’a su tenir dans la durée.
Quoiqu’il en soit, si les frasques et les excès du personnage ne permettent pas de traiter la disparition de Jean-Marie comme une information « normale », il est nécessaire de rappeler qu’en ce genre de circonstance, il est de bon ton de simplement présenter ses condoléances à une famille qui elle connaissait juste un père, un grand-père, un oncle ou tout simplement un ami. Les croyants laisseront le tout-puissant juger, et les autres se sépareront entre ceux qui voudront cracher sur une personnalité qui leur a déplu et ceux qui continueront l’histoire avec les acteurs présents, sans pour autant avoir besoin d’une revanche sur une être qui ne peut plus se défendre.