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Chido n’a malheureusement pas épargné l’agriculture mahoraise, bien au contraire

Les vents violents du cyclone Chido ont anéanti les arbres et la végétation luxuriante de notre île, et ont balayé la quasi-totalité des exploitations agricoles. Nous avons pu contacter Sophie Dupille, secrétaire générale de l’Association Interprofessionnelle de Mayotte (AIM) afin de faire un point sur le secteur agricole et la filière agroalimentaire.

Le passage de Chido a littéralement ravagé notre territoire si bien que la plupart des secteurs aussi bien économique, touristique, environnemental… ont été sérieusement impactés et affaiblis. Le secteur agricole lui non plus n’a pas été épargné par cette catastrophe et va mettre du temps à se relever. Toutefois, certaines filières devraient pouvoir se relancer d’ici quelques mois.

La filière végétale va mettre du temps avant de se relever

« Cela va être très long ! Pour cette année 2025, les producteurs vont perdre en moyenne 80% de leur chiffre d’affaires et pour l’année 2026, nous estimons leur perte à 40% de leur chiffre d’affaires », avertit Sophie Dupille. En effet, l’ensemble des serres et des pépinières des maraîchers ont été touchées et détruites. Il va falloir d’une part nettoyer les exploitations et refaire des pépinières, tout ce qui est maraîchage (aubergine, tomates, …) va prendre beaucoup de temps avant de retrouver un rythme « normal ». Quant au secteur des fruits et légumes, il est de loin le plus impacté par le passage de Chido. « Un tiers des arbres ont été arrachés, un autre tiers ont été couchés, et pour le dernier tiers ils sont restés debout mais sans feuilles. Cela va prendre 4 à 5 ans avant de retrouver une petite production et probablement 10 ans avant de retrouver celle d’avant le passage de Chido », explique la secrétaire générale de l’AIM.

La filière de la vanille va mettre plusieurs années avant de se relever (image/DR)

Le secteur de la vanille et du cacao est quant à lui totalement dévasté. « Il n’y a plus rien, il faut repartir de zéro ! Les arbres ayant perdu leurs feuilles, il n’y a plus d’ombre pour les lianes… Les cultivateurs de vanille ont beaucoup souffert suite au passage du cyclone », se désole Sophie Dupille. Et cela est d’autant plus dommageable que la filière avait été relancée avec le succès que l’on connait, il y de cela quelques années, et que la vanille de Mayotte avait remporté la médaille d’argent ces deux dernières années au Salon International de l’Agriculture à Paris, récompensant ainsi le travail des producteurs mahorais. « La relance de la filière de la vanille était une belle réussite, la production était de plus d’une tonne en 2024 alors qu’ils sont partis de rien il y a encore peu de temps, il y avait même des petits projets d’exportation pour cette année… Cela va être très long avant que tout se remette en place, peut-être 4 à 5 ans avant que les producteurs mahorais ne produisent à nouveau de la vanille ».

La filière avicole devrait pouvoir repartir à moyen terme

La partie élevage de la filière avicole a particulièrement été touchée par Chido, « il ne reste rien, la quasi-totalité des exploitations ont été détruites. Nous avons fait un état des lieux la semaine dernière et sur la trentaine d’éleveurs qui travaillent avec l’abattoir de volailles de Mayotte (AVM), il n’y a qu’un seul d’entre-eux où le bâtiment a tenu. Pour tous les autres il n’y a plus rien, plus de structures, les toits et les charpentes ont été arrachés. Suite au passage de Chido seulement 5.000 poulets étaient encore vivants sur près de 80.000 », nous raconte la secrétaire générale de l’AIM.

Suite à la destruction du toit de l’abattoir de volailles situé à Kahani, la production de poulets est en mode « dégradé ».

Seule petite consolation, si l’on peut dire, c’est avec la filière œufs et les poussins qui s’en tire à moindre frais. Les infrastructures comme le couvoir ont bien tenu et ce dernier est en bon état si bien que « 12.000 poussins ont pu éclore la semaine dernière et ont ensuite été distribués aux éleveurs », et 2.000 poulets ont été abattus cette semaine au lieu des 15 à 20.000 habituellement. « Dans les semaines à venir environ 28.000 poussins vont pouvoir éclore, toutefois vu les conditions dégradées des infrastructures des éleveurs, on sait qu’il y aura un fort taux de mortalité », ajoute Sophie Dupille. Mais l’outil industriel est là, globalement préservé, et la filière devrait pouvoir repartir rapidement. D’autant plus que l’abattoir de Kahani n’a été que faiblement endommagé, « il n’y a plus de toit mais les réparations vont se faire rapidement. L’abattoir risque de fonctionner en mode dégradé pendant quelques temps… ».

La filière avicole a « les reins solides » et l’abattoir de volailles de Mayotte a mis en place un fonds de secours pour les éleveurs afin qu’ils puissent avoir des revenus. En outre, différents projets de modernisation des exploitations étaient prévus en 2025 afin qu’elles soient rentables, durables, et cessibles. « Nous devions installer des bâtiments modernes chez 5 exploitants… Mais au vu de la situation, nous allons demander de pouvoir reconstruire les 30 élevages avec des normes U.E pour l’ensemble des exploitants, notamment auprès de l’État mais aussi de l’Europe grâce au fonds FEADER », nous a ainsi indiqué Sophie Dupille.

B.J.

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