Cauchemar, apocalypse, cataclysme, sont les mots qu’il reste aux habitants pour qualifier la violence du monstre Chido qui poursuit sa route frénétique vers le Mozambique. Une violence sans précédent depuis 1934 Avec des rafales qui ont dépassé les 220 km/h, le cyclone de catégorie 4 a semé la désolation sur l’île de Mayotte, connue pour sa biodiversité marine extraordinaire.
Des habitants prennent leur voiture et constatent impuissants l’ampleur des dégâts. Certains commencent à déblayer les routes, coupées par des arbres ou envahies par des amas de tôles, d’objets en tout genre, de morceaux de toitures arrachées et de voitures renversées. « Tout s’est arrêté, c’est la catastrophe, on fait ce qu’on peut pour survivre et aider les autres », témoigne Patrick, un habitant. « Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité. On a des réserves mais pour quelques heures pas pour quelques jours. »
L’intensité du cyclone est telle que le territoire n’a pas de souvenir comparable aussi violent. Si les habitants avaient écouté les consignes de la préfecture avant le passage de la tempête, ils n’en reviennent toujours pas. « On s’attendait à des dégâts mais pas à une catastrophe humanitaire comme celle-ci. », explique Sophie, une habitante de Tsoundzou.
« Nous sommes à la rue »
Aux Hauts-Vallons, rue Giramo, comme partout ailleurs, c’est la stupeur. Samedi matin, alors que les vents soufflent à plus de 220km/h, le plafond de cette habitante cède au premier étage. Rapidement, tout est emporté. Le premier étage de la maison s’effondre, les objets personnels sont emportés par le vent et les pluies diluviennes s’engouffrent dans l’habitation. Le lendemain, il ne reste plus rien. Tout est détruit. Sur ce qu’il reste du premier étage de la maison, seules les toilettes ont résisté et les réserves d’eau embouteillées. Pendant la tempête, cette habitante et ses voisins ont dû fuir leur logement. Un couple dont la maison a résisté les a accueilli pour une nuit et les suivantes, jusqu’à des lendemains meilleurs. « Nous n’avons plus rien. Nous sommes à la rue », expliquent-ils bouleversés.
À Hajangua, un couple a vu leur toit s’envoler. « J’ai plongé sous la table de la cuisine au moment où les murs s’effondraient, mais pas mon mari qui a été blessé et que je suis arrivée à sortir des décombres. Mais les secours n’ont pas pu venir, nous avons passé la nuit dans une cabane. Nous avons tout perdu ».
À Mtsapéré, où des renforts sanitaires étaient logés, le toit de la résidence cède en quelques minutes. Les renforts s’agglutinent au rez-de-chaussée dans le bruit et le chaos. Quelques heures plus tard, ils ne reconnaissent plus rien. La résidence s’est envolée. À Kawéni, un habitant confie : « Je me suis réfugié chez des gens, le toit de la maison a été arraché, je ne reconnais rien ce matin, j’ai vu des gens enterrer des gens de leur famille, c’est l’apocalypse. »
Les habitants réclament d’être rapatriés, à ce stade trop tôt pour le dire. Chido n’a pas épargné l’aéroport. Les premières liaisons aériennes seront militaires et dédiées aux renforts humains et matériels.
Mathilde Hangard