Le préfet de Mayotte a tenu ce vendredi à 15h une conférence de presse relayée sur les réseaux sociaux pour indiquer que la trajectoire du cyclone tropicale intense Chido confirme les prévisions et passera au plus près de Mayotte ce samedi en milieu de journée. « Au regard de la violence du cyclone attendu, je place le département en alerte rouge cyclonique dès ce vendredi soir à 22h », indiquait-il.
Lors du dernier point de 14h ce vendredi, Météo France par la voix de sa responsable d’antenne locale, Floriane Ben Hassen, indiquait que le cyclone tropical intense Chido est « en phase d’intensification ». De fortes rafales de vent de plus de 180km/h, des pluies intenses « sur une période courte de 6 heures », des vagues doublées d’une surélévation du niveau de la mer comme c’est le cas lors des dépressions, sont à redouter. « Ensuite, il poursuivra sa course vers le Mozambique ».
Deux impératifs lors d’une alerte rouge cyclonique, indiquait François-Xavier Bieuville : « Ceux qui ne peuvent pas se confiner dans une maison en dur doivent se rendre dans les hébergements proposés par les communes ». L’ensemble des communes de Mayotte en fournissent, assure-t-il, 71 lieux d’hébergements ont été listés*, soit environ 4 par commune. Écoles, lycées, collèges, salles de sport… le recteur Jacques Mikulovic mettait en garde : « Avant de vous y rendre, vous devez vous adresser à la mairie qui vous orientera vers l’un ou l’autre. C’est impératif sous peine de poser des problèmes de logistiques ».
Des dizaines de milliers d’habitants potentiels hébergés
Un énorme défi à relever pour Mayotte puisque lors du recensement de 2017, l’INSEE indiquait que 40% des 63.000 résidences principales à Mayotte étaient en tôle, soit 25.200. Ce qui avoisinerait plus de 100.000 habitants en comptant 4 à 5 personnes par case. Et un nombre qui n’a fait que croitre depuis 2017.
Les maires s’inquiètent notamment de la prise en charge de ces hébergés en urgence, « nous savons que les stocks d’eau par commune sont suffisants, mais comment vont-elles assurer la restauration de toute ces personnes ? », interrogeait le représentant de l’Association des Maires de Mayotte. Le préfet se voulait conciliant et s’il rappelait que le Plan Communal de Sauvegarde est une responsabilité du maire, il nuançait, « nous pourrons accompagner ceux qui auront des difficultés ».
Deuxième contrainte du placement en alerte rouge cyclonique, plus personne ne circule dès ce vendredi soir à 22h, « et jusqu’à la fin de l’évènement dimanche matin », précisait le préfet.
La difficulté se posera aux potentielles victimes, avec des risques notamment d’envol et de projection de tôles. Le directeur de l’ARS Mayotte, Sergio Albarello, recommandait avant tout aux blessés de ne pas se déplacer et d’appeler le 15 ou le 18, « nous avons des moyens renforcés, y compris dans les Centres médicaux de référence. Ceux qui ont des traitements à prendre doivent anticiper et aller chercher leurs médicaments avant ».
Sans eau
Le président du CD Ben Issa Ousseni rappelait de ne pas sortir pour aller prier à la mosquée, « l’heure est grave, respectez les consignes ». Nous avons fait remarquer que peu de consignes étaient données pour l’instant en shimaore et en kibushi, « les maires ont organisé des patrouilles dans les villages avec des mégaphones, nous indiquait le préfet, et un message d’alerte sera diffusé ».
L’alimentation en eau potable sera coupée ce soir, « nous reprendrons la distribution dans la nuit de samedi à dimanche. L’objectif c’est que tout le monde ait de l’eau en sortie de crise ». La forte probabilité de coupures électrique replongera la population dans un situation qui était plus fréquente il y a 20 ans, « il faut disposer de lampes électriques ou de bougies ».
Enfin, avec cette alerte rouge, les usagers du port de commerce ont été avertis que toute circulation et navigation dans les zones portuaires maritimes et terrestres de Longoni, Mamoudzou et Dzaoudzi sont formellement interdites.
Alors que la mémoire cyclonique de Mayotte n’est pas récente, le cyclone l’ayant vraiment frappée Kamisy, remontant à 1984, la culture du risque n’est pas présente sur le département. Et nous n’avons pas d’expérience sur laquelle se baser pour sa prise en charge. « Nous ne pouvons garantir une obligation de résultat, mais de moyens, oui, tous ceux qui sont à notre disposition ».
Le respect des consignes par chacun est déjà une aide donnée aux services de secours.
Anne Perzo-Lafond
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