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Mamoudzou

Le bidonville de Mavadzani est devenu méconnaissable !

Deux jours après le début de la démolition des cases en tôles du quartier informel de Mavadzani à Koungou, la préfecture avait invité les médias à revenir sur le site ce mercredi afin de se rendre compte du travail effectué. Force est de constater qu’hormis les pelleteuses et les ouvriers du chantier il n’y a plus âme qui vive.

C’est un paysage lunaire que nous avons pu constater ce mercredi matin sur le site de Mavadzani. A part quelques amoncellements de tôles et de débris ici et là, il n’y a plus aucune case. Seul le bruit des engins, camions, tracteurs, pelleteuses résonne, le tout dans la poussière. Ce paysage presque désertique contraste avec la présence de plusieurs centaines de cases il y a encore quelques jours. En effet, ce sont plus de 400 cases qui avaient été numérotées plusieurs mois auparavant afin de mener à bien cette opération, comme l’a indiqué Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l’habitat illégal auprès du préfet de Mayotte. « Cela fait maintenant un peu plus d’un an que nous préparons cette opération avec les différents acteurs que sont les forces de l’ordre, les travailleurs sociaux, les différentes entreprises de démolition, ou encore les opérateurs pour les hébergements. Nous avons ainsi numéroté 466 cases et avons mené des enquêtes auprès de 236 familles. Parmi elles, 150 étaient en situation régulière, nous leur avons donc proposé d’être relogées. A ce jour, 52 familles sur les 150 ont accepté la proposition de la préfecture ».

Psylvia Dewas aux côtés du général de brigade Lucien Barth

Pour effectuer ce travail de relogement, une permanence sociale a été ouverte depuis une semaine à la Maison France service afin de proposer aux familles qui le veulent et qui sont en situation régulière une solution d’hébergement. « Les familles qui voulaient être relogées sont venues, les autres sont parties… Notre objectif est de proposer des solutions d’hébergement sur la commune, certaines familles sont ainsi logées non loin du site comme à Massimoni, d’autres le sont sur l’ensemble du territoire de Mayotte », précise Psylvia Dewas. En contrepartie, un petit loyer est demandé aux familles qui peuvent y rester 18 mois, renouvelable une fois, « tout en sachant que notre but est qu’elles ne restent pas trop longtemps dans cette situation et qu’elles puissent trouver un logement rapidement », souligne la chargée de la résorption de l’habitat illégal.

Une opération d’une ampleur inédite à Mayotte

Les entreprises de démolition vont travailler pendant plusieurs semaines afin de déblayer totalement le site

Le commandant de la gendarmerie de Mayotte, le général Lucien Barth, était présent sur le site ce mercredi et à l’entendre, le dispositif mis en place pour cette démolition est quelque peu hors normes. « C’est une opération inédite ! Nous avons demandé des renforts pour mener à bien cette opération, ce sont ainsi deux escadrons de gendarmes mobiles, soit environ 150 hommes qui sont arrivés et dont la mission est exclusivement consacrée à la sécurisation du périmètre, mais aussi et surtout à protéger les différents prestataires qui travaillent sur le site pour enlever tous les débris et autres gravats. Ce sont ainsi 150 gendarmes qui sont mobilisés H24 sur ce dispositif. Nous ne pouvions pas prendre le risque de mobiliser des gendarmes de l’île et de dégrader ainsi le dispositif opérationnel sur Mayotte pour assurer la sécurité de la population ».

Les forces de l’ordre mobilisées pendant plusieurs semaines

Selon la préfecture cette opération devrait durer environ 3 semaines. « Nous serons là le temps qu’il faudra ! », insiste le général Barth. En effet, la méthode et la tactique des forces de l’ordre a évolué depuis maintenant plusieurs mois. Attrition et contrôle systématique de la zone sont les maîtres-mots. « Il y a un an c’était une zone d’ultra violence, avec des homicides, des rixes entre villageois ou encore entre bandes rivales. Nous devions intervenir plusieurs fois par semaine car cette zone était un point d’appui pour les délinquants qui descendaient par hordes jusqu’à la route nationale pour commettre des vols à main armée, des barrages, des agressions, ou bien s’affrontaient avec d’autres délinquants… Aujourd’hui, c’est totalement différent », soutient le chef des gendarmes.

Des amas de tôles jonchent encore le site

Même si les forces de l’ordre rencontrent encore, de façon épisodique, quelques résistances, elles demeurent faibles. « Maintenant c’est plus calme. Nous avons procédé à des manœuvres de freinage…il y a encore quelques jeunes isolés, désœuvrés, une petite vingtaine, qui tentent de perturber les choses mais ils sont rapidement maîtrisés. Aussi tous les soirs nous menons des opérations de contrôle pour éviter une reprise du terrain », souligne le général Barth. D’autres opérations de démolition de quartiers insalubres illicites sont prévues dans les prochaines semaines comme à Mamoudzou, Dzoumogné, Tsararano, ou encore le quartier de la Vigie en Petite-Terre.

Ainsi, de l’aveu même de certains habitants de l’île il semblerait que Mayotte retrouve peu à peu un semblant de calme et d’apaisement, marqué par une baisse avérée de la violence, selon les données de la préfecture, depuis maintenant quelques mois. Gageons que cela ne soit pas provisoire et se pérennise dans le futur.

B.J.

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