Habit’Âme monte en grade : déménagement, premiers bons de commande, la machine est lancée !

L’entreprise qui transforme les déchets plastiques de l’île en matériaux de construction signe son premier devis commercial et déménage dans de nouveaux locaux pour accroître sa production.

Le succès d’Habit’Âme n’est plus à démontrer. Ces derniers mois ont été très chargés mais agréablement chargés, confie une des fondatrices de la structure, Hannah Dominique. En l’espace d’un mois, Habit’Âme a été distinguée à deux reprises. 

Deux distinctions en un mois 

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En transformant les déchets plastiques en objets divers, Habit’âme répond aux enjeux environnementaux urgents de Mayotte et s’impose comme un levier pour l’insertion professionnelle

Lors de la Grande Exposition du Fabriqué en France, au palais de l’Élysée, samedi 26 et dimanche 27 octobre derniers, Habit’Âme a présenté une de ses plaques fabriquées à l’allure « marbrée », souvent qualifiée comme le produit « le plus représentatif » et « le plus demandé » de la structure. Le 22 novembre 2024, la société mahoraise Habit’âme a également été couronnée lauréate de la 9ème édition du prestigieux concours Innovation Outre-mer (IOM), dans la catégorie « Cleantech recycling ». Depuis, c’est la course folle pour répondre à la demande. « Les équipes sont plus motivées qu’avant et fières, il faut maintenant qu’on améliore nos capacités de production, qu’on pérennise des postes, qu’on rencontre des investisseurs, il y a du pain sur la planche », déclare la co-fondatrice.

Des locaux cinq fois plus grands

Le 22 octobre dernier, Habit’Âme déclarait devoir investir d’ici deux ans dans des machines à plus haut rendement pour augmenter sa production : « On produit 80 tonnes mais 80 tonnes pour des besoins dans un logement c’est insuffisant. » Ce calendrier peut désormais s’accélérer puisqu’au premier trimestre 2025, Habit’Âme prendra ses marques dans de nouveaux locaux à Tsoundzou I, partagés avec l’association Art Terre. « Le terrain est cinq fois plus grand que les locaux actuels à Kawéni. On va être installés de manière plus efficiente, on va accroître notre capacité de production et les conditions d’accueil. L’objectif c’est d’être bien intégré dans le paysage mahorais. À Kawéni, on bénéficiait de la sécurité de l’association de quartier. À Tsoundzou, on n’aura pas d’association de quartier. Habit’Âme sera plus exposée et visible. »

Plus de production et plus de gisements ? 

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« Ce fauteuil, c’est un peu une exception car nous l’avons fait entièrement, on a fait la découpe et on l’a conçu de A à Z », commente la co-fondatrice

Grâce à des locaux de plus grande dimension, Habit’Âme souhaite dépasser ses 80 tonnes de production annuelle de matériaux à partir de plastiques recyclés, en investissant notamment dans deux primo-investissements, telles qu’une étuveuse et un broyeur de plus grande taille. À notre question de savoir si le plastique va rester leur principal gisement, Hannah Dominique est formelle : « le plastique va rester la première matière-source de la structure pour créer des matériaux de construction, principalement de second œuvre, d’aménagement et de mobilier ». Néanmoins, le PolyChlorure de Vinyle (PVC) pourrait également intéresser l’entreprise et être intégré à leur processus de création, dès que la filière verte du bâtiment produira davantage de données sur la quantité de déchets de PVC disponible sur l’île et l’utilisation de la matière.

« C’est le top départ de la commercialisation »

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Les filières de valorisation des déchets à Mayotte n’en sont qu’aux prémices à Mayotte

Forte de cet essor, le 29 novembre dernier, Habit’Âme a lancé ses toutes premières portes-ouvertes au public. Plusieurs prototypes y ont été exposés, comme des plaques, un fauteuil ou encore un tabouret entièrement démontable construit à 100% en plastique recyclé. « Maintenant que les portes-ouvertes sont passées, c’est le top départ de la commercialisation. Tout le monde peut nous commander des matériaux. Notre vocation c’est de vendre des produits, comme des plaques, mais pas de les installer. » Les artisans et les grossistes sont ainsi les clients principaux d’Habit’Âme. « Nous fournissons des matériaux à des artisans ou à des structures qui vont les intégrer dans des marchés ou les revendre à des structures plus importantes. » Mais Hannah Dominique le précise, leur rôle peut aussi consister à « accompagner ces revendeurs dans la pose du produit » en cas de besoin. Dans la foulée de l’événement, l’entreprise a signé son tout premier devis commercial. Pour répondre à ces besoins, Habit’Âme va transformer son statut juridique pour devenir une société coopérative d’intérêt collectif, afin d’ouvrir son capital à de nouveaux sociétaires, permettant ainsi d’intégrer de nouveaux investisseurs déjà intéressés.

Mathilde Hangard 

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