Si toute l’île a salué l’exploit des Diables noirs de Combani accédant au 7ème tour de la Coupe de France football, les dents grincent à l’issue, leurs adversaires de Crépy-en-Valois les ayant accusés de tricheries sur les certificats médicaux, la Fédération Française de Football doit trancher le litige.
Qui éclate alors que le club mahorais avait dû se passer de 7 de ses joueurs titulaires n’ayant pu faire le déplacement en raison de leur situation administrative. Ils ne possèdent en effet pas de titres de séjour, révèle le préfet de Mayotte dans un courrier que nous nous sommes procuré
Un courrier adressé à la députée Anchya Bamana en réponse à sa demande à François-Xavier Bieuville de « régulariser en urgence la situation administrative des 7 joueurs en situation irrégulière issus de l’équipe de football des Diables Noirs de Combani ». Des demandes de ce genre, le représentant de l’État en reçoit tous les jours, mais là, l’affaire prend une autre tournure en raison de l’étiquette RN de la députée mahoraise. Le Canard Enchainé a déjà posté une brève sur le sujet.
Pénalisés par le blocage du service des étrangers
Dans sa réponse, le préfet informe ne pouvoir accéder à la demande en raison de plusieurs éléments, sur lesquels la députée aurait dû se renseigner. Tout d’abord, le visa nécessaire au déplacement ne peut être fourni, les 7 joueurs étant tous en situation irrégulière. Certains d’entre eux espéraient sans doute ne plus l’être lors de ces qualifications, pour avoir déposé « très récemment » leurs demandes de titre de séjour, mais au titre « d’étrangers malades ». Compliqué quand on veut disputer ensuite un match de haut niveau… Quant aux autres dossiers, ils sont soit incomplets, soit impliquent une instruction plus poussée selon le représentant de l’Etat.
Qui glisse en outre que « 2 de ces 7 joueurs sont défavorablement connus des services de police et de gendarmerie ». On ne peut qu’encourager le club dans ses démarches d’insertion, mais c’est visiblement un fait qui avait échappé à la députée.
Sans sous-entendre de proximité entre la députée et les collectifs bloquant le service des étrangers, le préfet invoque néanmoins l’impossibilité d’instruire les demandes. Et appelle à lever ce blocage : « Je ne saurais éluder le fait que ce blocage commence à impacter durement l’économie, les services publics et le développement du territoire car nombre de salariés du privé (BTP, restauration, services aux personnes, …) comme du public (enseignement, médecins et personnel para-médical du CHM, agents de collectivités, …) si l’on observe le nombre d’interventions, conséquent, formulés par les élus, responsables institutionnels et chefs d’entreprise concernant ces salariés, ouvriers, employés et cadres, qui, faute de remise de leur titre renouvelé, se retrouvent de facto en situation irrégulière et voient leurs contrats rompus par leurs employeurs. »
On peut en conclure que les demandes personnelles au préfet surtout de la part d’élus qui pourfendent l’immigration clandestine, pourraient davantage fuiter dans l’avenir.
Anne Perzo-Lafond