Pour combler l’écart entre la consommation quotidienne de 44.000 m3 d’eau potable et sa production de 40.000m3 qui nous valent les tours d’eau actuels, forages et détection de fuites ont été lancés. Mais l’arme maitresse des services de l’Etat reste l’usine de dessalement porteuse de 5.000m3 supplémentaires par jour dans un premier temps, pour atteindre 10.000m3, selon le récapitulatif du préfet en août dernier.
Mayotte possède déjà une usine de dessalement en Petite-Terre qui n’a pas fait l’objet d’autant de précautions environnementales à l’époque de sa création, mais les normes et les préoccupations ont évolué depuis.
Si de l’aveu du représentant de l’Etat, le feu vert sera donné par l’inspectrice générale de l’Environnement et du Développement durable, sur la préservation de la mangrove, celle du crabier blanc et le rejet d’eau sur-salée dans le lagon, le Parc Naturel Marin (PNM) a lui aussi été saisi par la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Mayotte (DEALM), pour livrer un avis conforme.
A la différence d’un avis simple, dans le cadre de l’avis conforme, la DEALM est obligée de prendre en compte la décision. C’est dire l’importance qu’avait le vote du PNM, un « non » signifiant le rejet du projet en l’état.
Données manquantes
« Pour ou contre une 2ème usine de dessalement », les membres du PNM devaient se prononcer. Et c’est en faveur de sa mise en place qu’ils se sont prononcés, par 23 voix pour, 8 contre, et une abstention. Un oui toutefois annexé de 4 réserves. « Elles sécurisent le projet, et conditionnent l’accord du Parc », nous explique Annabelle Djeribi, la nouvelle directrice du PNM.
Il s’agit tout d’abord d’ajuster le modèle de courantologie en intégrant davantage de paramètres pour obtenir des résultats plus précis sur la zone de rejet de la saumure, l’eau concentrée en sel. « Il s’agira ensuite d’étudier les conséquences des rejets sur le milieu marin ».
Des données qui devront compléter le dossier, ainsi que de nouveaux éléments également réclamés par le Parc.
La 3ème réserve porte sur la mise en place par la DEALM d’un Comité de suivi du milieu marin dès le lancement du chantier, composé par les différents acteurs du secteur. « Nous avons demandé que soient intégrés un professionnel de la courantologie et un écotoxicologue ».
Enfin, il est demandé que ce Comité étudie l’ensemble de ces données.
Valorisation des saumures
A côté des réserves, des prescriptions ont également été inscrites. « Nous demandons qu’elles soient rajoutées au sein de l’arrêté de création de l’usine de dessalement », mentionne Annabelle Djeribi. Il s’agit notamment d’explorer des pistes non encore évoquées, comme la valorisation des saumures, sur laquelle nous avions interpellé le préfet Bieuville, ou celle des boues. Mais aussi, sur la manière de stocker les produits chimiques pendant le chantier et la formation des ouvriers aux enjeux environnementaux. Ou encore de rédiger un retour d’expérience sur les impacts environnementaux lors de la mise en exploitation, « pour que cela soit utile lors de la création de prochaines usines à Mayotte ou ailleurs. »
La délibération du PNM sur l’usine de dessalement doit être publiée prochainement.
Un second point était à l’ordre du jour, celui de la candidature d’Annabelle Djebiri à la tête du Parc toujours présidé par Abdou Dahalani, elle qui en était jusqu’à présent la directrice adjointe. Là encore, un avis favorable entérine son arrivée à la suite du départ de Christophe Fontreyde vers le Parc Régional de Camargue.
Anne Perzo-Lafond